Introduction
Enfin, trois fois enfin ! Cela faisait tellement longtemps que l'on attendait ce jeu. On a eu l'impression d'avoir patienté des millénaires. Déjà, quelques screens et quelques teasers vidéos nous avaient correctement mis l'eau à la bouche. En plus, on dirait presque que les éditeurs se sont donnés le mot pour ne rien nous sortir de convenable durant les deux derniers mois, comme tous les ans à pareille époque. Et enfin, on avait vraiment hâte de retrouver un FPS sur nos machines de bureau et non plus simplement sur nos consoles. En effet, les sorties de ce type paraissaient plutôt ces temps-ci sur les deux dernières petites de Microsoft et Sony.D'ailleurs, le présent titre fut disponible quasi simultanément sur Xbox 360. Mais après tout c'est sur nos ordinateurs que les FPS ont gagné leurs lettres de noblesse. C'est donc sur PC que nous avons choisi de vous présenter le dernier né de Take 2 Interactive et Irrational Games. Mais le choix du support de test ne demeura pas le plus compliqué. Car vous vous en doutez également, nous fumes nombreux à avoir une envie énorme de réaliser le test. Après tout, on est tout aussi joueur que vous avant d'être testeur.
C'est donc dans cet esprit passionné et anxieux que nous avons démarré la découverte de Bioshock. Passionné et anxieux en imaginant le meilleur à venir mais aussi la déception toujours possible lorsque l'attente est placée à un tel niveau. Passionné car animé au sein de GNT par le plaisir et l'envie de vous retransmettre nos impressions dans un souci de clarté, d'indépendance et de précision. Et bien sûr, anxieux à l'idée de devoir combler nos lecteurs en leur servant un avant goût de ce que nombre d'entre vous ont attendu.
Plongez dans l'univers de Bioshock
Votre maman vous l'avait bien dit: " Mon fils, tu auras un destin extraordinaire". Et coté prédictions, maman c'était plus Elizabeth Tessier que Paco Rabane. Bon ok, la miss Tessier avait dit que la France ne gagnerait pas la coupe du monde de foot en 98 mais bon... Mère avait donc vu juste. C'est alors que vous vous trouvez dans un coucou, quelques années après la Seconde Guerre mondiale, et survolant la mer, que votre aéroplane est saisi de soubresauts. Trou noir. Puis une douce lumière, croit-on, vous sort de votre semi-coma. Cette lumière, c'est le bimoteur à hélice à bord duquel vous vous trouviez qui brûle ! Mais pas le temps de vous demander ce qui se passe, vous vous rendez compte que vous ne pouvez pas respirer. Car à part l'homme de l'Atlantide et la petite sirène, c'est dur de le faire sous l'eau...Fin de l'apnée. Quelques brasses suffisent ensuite pour vous retrouver devant le perron d'une espèce de phare au beau milieu de l'océan. Une musique résonne à l'intérieur. "La mer, qu'on voit danser, le long des golfes clairs....". On nous aurait dit qu'un jour on trouverait du Trenet dans un FPS qu'on aurait bien rigolé. Mais non on ne rigole plus du tout là ! C'est donc sur cet air, véritable ode à la mer, que l'on pénètre dans ce lieu sombre. Alors quoi, la mer toujours la mer ? Qu'est ce que c'est que cette histoire ? C'est Fort Boyard le phare ? Ou bien s'agit-il d'un documentaire sur les pécheurs de merlan en eau profonde du port de Fécamp ? On ne sait si l'inquiétude a commencé à poindre, mais rassurez-vous ce soft n'est rien de tout cela.
En fait, vous vous rendez compte que l'endroit sur lequel vous avez posé le pied est la partie immergée d'un monde subaquatique aussi gigantesque que magnifique. Et c'est en descendant toujours plus profond que vous apprenez qu'un certain Andrew Ryan a eu le projet de faire un monde en dehors de toutes les guerres qu'il a nommé Rapture. Très rapidement toutefois, vous percevez que cet univers fonctionnant en vase clos a connu un ou plusieurs désastres au vu des mutations qui semblent avoir frappé ses habitants. Vous voilà ainsi planté au beau milieu de cet endroit où carillonnent quelques discours dignes des plus grands démocrates de l'Union Soviétique stalinienne. Et vu qu'il n'est pas possible de remonter par le bathyscaphe (qui n'appartient pas à la RATP sinon on aurait pu penser à une grève) il faut se résoudre à avancer... coûte que coûte !
Copie unique ?
On aurait pu vous faire huit pages sur l'histoire et le scénario mais on a préféré ne vous en délivrer que le début, pour vous laisser profiter du déroulement si particulier à Bioshock, jusqu'au bout. Et puisque l'on parle de particularisme, il faut bien avouer que dans son genre FPS-like, ce jeu fait autant appel à certaines référence qu'il tente de nous sortir des carcans habituels. Coté ressemblances, ce jeu nous rappelle tour à tour Systemshock, son illustre prédécesseur bien sur, mais aussi F.E.A.R., Silent Hill, The Darkness ou encore Les secrets de l'Atlantis : l’héritage sacré. Si la comparaison avec Systemshock est toute naturelle, on se doit de vous expliquer ce qu'on a pu trouver de semblable avec les autres titres.Pour F.E.A.R. c'est avant tout la présence de petites filles, nommées petites sœurs, si particulières au sein de ce titre qui nous y a fait penser. Elle sont si petites, si fragiles et si seules (ou presque !) au sein de ce monde horrible que leur simple existence fait naître en vous des sentiments contradictoires... surtout lorsque vous vous apercevez qu’elles sont bien différentes de leur apparence ! En ce qui concerne Silent Hill, un des points communs réside dans l'apparition devant vous de zombies déguisés en infirmières. Ou alors sont-ce des infirmières déguisées en zombies ? Peu importe après tout, votre seule issue est de les trucider !
Lorsque l'on joue à Bioshock, on a parfois l'impression de se retrouver un peu dans The Darkness sorti il n'y a pas si longtemps sur PS3. C'est peut être la proximité temporelle qui nous donne cette impression. Mais c'est surtout le fait de disposer en alternance de pouvoirs surnaturels, les plasmids, et d'armes conventionnelles pour exécuter nos adversaires, qui rappelle le jeu de chez Starbreeze studio. Enfin, nous avons évoqué les secrets de l’Atlantis pour l'aspect graphique de certains lieux, les gros tubes en cuivres, le mobilier années 50 et le grandiose (un Zeppelin avant-gardiste) du projet servant de trame au jeu. Et si ces références peuvent laisser croire que ce jeu n'est qu'un méga pompage de bien d'autres, il faut avouer que le mélange de ces différents genres couplé avec un petit coté aventure font malgré tout de Bioshock un jeu à part. Sans aller néanmoins sur un genre à lui tout seul.
Le retour du clavier/souris
Ces derniers temps, vu que les sorties de FPS se faisaient plus sur consoles que sur PC (Fall of Resistance, The darkness ou... Bioshock sur la 360) ou que les éditeurs s'amusaient à nous pondre des simili FPS qui se jouent à la manette (n'est ce pas Lost Planet: extreme condition sorti sur PC) on en serait presque venu à oublier comment se jouait un tel jeu sur PC. Et on en aurait presque oublié quel plaisir on pouvait en retirer. Quel bonheur de sentir une telle réactivité, une telle précision, une telle mobilité. Jusqu'à ce jour, aucune manette ni aucun réglage ne permet d'égaler le couple clavier/souris. Et Bioshock reprend à son compte cet état de fait en nous proposant un gameplay sans faille.Une fois vos attributions de touches opérées, il ne vous faut pas longtemps pour retrouver vos habitudes. Ceci est d'autant plus vrai que la prise en main est excessivement progressive. D'abord on dirige son personnage. Puis on lui colle une clé à molette dans les mains en guise de première arme. Ensuite, on découvre les premiers pistolets. Enfin les plasmids se laissent approcher par le premier d'entre eux : le pouvoir électrique. Tout ceci se fait en l'espace de dix minutes, pas plus. Et dès lors, il ne vous reste plus qu'à vous soucier de votre chemin, des objets à ramasser ou des monstres à exploser sans plus faire attention aux manipulations.
Car il est un fait : une fois acquis le jonglage entre plasmids et armes conventionnelles (et si vos touches sont bien réparties) on profite d'une jouabilité absolument parfaite. Notre explorateur est rapide, mobile et souple ce qui permet une immersion totale. Votre progression à la seule force de votre mitraillette ou de votre pouvoir façon "torche humaine" ne réside alors plus qu'à vos propres compétences et à l'incurie de vos adversaires. Car s'il est un léger reproche à formuler sur la jouabilité, c'est avant tout sur l'IA de vos ennemis qu'il se porte. Toutefois, il s'agit de zombies pour la plupart et ils foncent suffisamment vite sur vous pour vous perturber légèrement. Et puis il y a les Big Daddies, qui protègent les petites sœurs, pour vous causer plus de soucis...
Une performance de premier plan
Un entraîneur de foot dit souvent à ses ouailles : "la technique y'a que ca de vrai". Pour les jeux vidéo il en va souvent de même. On pense surtout à la performance graphique et sonore qui permet soit d'améliorer un jeu ordinaire, soit de sublimer un jeu extraordinaire. Dans le cas présent nous nous trouvons plutôt dans le second cas de figure. Car la jouabilité et le scénario étaient déjà tout ce qu'il y a de plus convaincant. Mais par dessus le marché, les petits gars du développement ont fait les choses en grand pour les yeux et les oreilles. C'est ainsi qu'on évolue dans un univers baroque, sombre et/ou coloré, suranné et futuriste à l'ambiance exceptionnelle.A vrai dire, pénétrer dans ce monde est un peu comme une immersion totale, ou plus rien de ce qui se passe autour n'a d'importance. Car le réalisme, si tant est qu'un monde sous marin puisse être qualifié ainsi, visuel des décors ou des bruitages est tel que l'on est vissé à son siège dès la première minute. On découvre avec stupeur des gigantesque galeries de verre, des complexes hospitalier ( qui vient du mot hôpital et non de la notion d'accueillant) ou encore d'autres endroits tous aussi bien réalisés qu'ils sont habités au niveau sonore par ses personnages ou les hauts parleurs qui crachent la propagande du dirigeant visionnaire.
Si les graphismes sont parfaits et sublimes on s'en rend particulièrement compte lorsque l'on voit la façon dont l'eau a été modélisée. D'ailleurs il est utile de remarquer les détails aquatiques lorsque l'on veut électrocuter un adversaire. Mais le sublime pourrait tout à fait qualifier les musiques qui hantent ce jeu. Façon phonographe, les mélodies tantôt jazzies tantôt chantantes crépitent dans les hauts parleurs alors que le sillon tracé sur le 78 tours délivre un son empreint de poussière et de vieillerie. On s'y croit parfaitement. Dans cette montagne de compliment, subsiste la petite souris qui chatouille, la modélisation des ennemis. Si les bigs daddies sont parfaits dans leurs genres impressionnants et revêches, le reste des avatars est un peu moins bien tracé sur nos écrans. Mais c'est bien peu de chose en regard du reste assez fantastique.
Conclusion
Il faut bien le dire, certains tests sont plus agréables à faire que d'autres. Certes, c'est toujours marrant de casser du sucre sur le dos d'un jeu mal ficelé ou mal conçu tant la vanne vient facilement. Mais c'est aussi tellement bon lorsque l'on peut se prendre au jeu sans penser obstinément à ce que l'on va pouvoir écrire. Bioshock est un titre dont on aurait pu écrire bien plus tellement il recèle de facettes. Nombreux sont ses points forts. Minimes sont ses défauts. Mais au delà de tout le reste, c'est la facilité avec laquelle on s'imprègne de l'aventure qui fait de ce jeu une intense expérience.Il est certain qu'une fois mis les mains sur la machine, vous n'aurez de cesse de revenir sur ce titre jusqu'à ce que vous soyez parvenu à son terme. Mais voila, et c'est sûrement le plus grand de ses défauts, il n'est pas suffisamment long. On dit cela de tous les jeux agréables à parcourir et cela peut être une qualité. Mais le bonheur à jouer est tellement permanent, qu'on en aurait bien repris un petit peu plus. Allez, on le recommence, juste pour le plaisir...
+ Les plus
- Quasi perfection visuelle ou auditive
- Jouabilité jouissive
- Univers si particulier
- Scénario prenant de bout en bout
- Les moins
- Durée de vie
- Quelques petits défauts bien secondaires