Test The Talos Principle

I'm not a number, I'm a free man

Annoncé comme un « puzzle game philosophique », The Talos Principle avait de quoi intriguer les joueurs les plus curieux. Lorsqu'on pense que le studio qui s'est chargé du titre n'est autre que Croteam, l'étonnement est de mise. En effet, la société croate est connue pour sa licence Serious Sam, un FPS frénétique qui ne fait clairement pas dans la dentelle. Aussi, entendre parler de philosophie avec ce studio pourrait se présenter comme une boutade. Toutefois, il n'en est rien, puisque The Talos Principle joue la carte de la « zen attitude » pour un jeu de casse-tête qui bénéficie d'un scénario alambiqué qui est signé par deux personnes appréciées du petit monde du jeu indé : Tom Jubert ( FTL, The Swapper) et Jonas Kyratzes ( The Sea Will Claim Everything, Traitor, pour ne citer qu'eux ).

Le titre nous plonge dans un univers égyptien dénué de vie. Nous y incarnons un robot humanoïde et nous ne savons pas encore pourquoi nous sommes en ces lieux et ce qu'il convient de faire. C'est alors qu'une voix résonne dans nos oreilles. Connue sous le nom de Elohim, cette entité nous renseigne qu'il convient de tester nos aptitudes de réflexion dans des épreuves qu'elle nous a concoctée. C'est alors qu'un premier tutoriel s'enclenche pour apprendre l'usage des premiers outils à disposition pour récupérer des Sigils ( des formes similaires à celles d'un Tetris ) et ainsi progresser dans cet étrange univers composé de labyrinthes. Rapidement, nous constaterons qu'au moyen d'un téléporteur, nous rejoindrons un couloir de niveaux numérotés qui permettent de passer d'une zone à l'autre, ce qui nous pousse à nous interroger davantage sur la nature de ces lieux.

Au fil de notre progression, nous serons invités à pianoter sur des terminaux, dans l'optique de se documenter sur les raisons de notre présence en ces lieux, sur notre nature, soulevant même des interrogations plus philosophiques telles que le sens de la vie, l'explication de l'humanité et ses limites. Différents fichiers de texte à consulter sur les différents ordinateurs permettent de percer le secret de l'étrange programme dans lequel nous nous trouvons et une entité appelée MLA ( Milton Library Assistant ) commencera à dialoguer avec nous par messages interposés, nous permettant de répondre via des choix multiples. Quel est son but ? Est-elle également créée par Elohim ou agit-elle indépendamment ? Ces réponses deviendront plus ou moins claires au fil des heures de jeu, après avoir résolu un certain nombre d'énigmes.

Quoi qu'il en soit, le scénario du jeu se révèle très atypique et pourrait rebuter certains joueurs par son côté flou et qui dévoile ses détails qu'au compte-goutte. De plus, l'histoire évoluera selon les choix que vous ferez au cours d'une partie, proposant ainsi une certaine richesse. Dans l'absolu, ce n'est pas l'intérêt principal du soft, mais cela offre une sorte de fil conducteur qui explique la progression, l'environnement et nous nous attendons à des révélations étonnantes plus tard dans le jeu. De plus, le titre joue clairement avec notre curiosité car il est possible de passer librement d'un niveau à l'autre, nous déplacer dans un monde semi-ouvert et de nous confronter à des portes fermées et à des environnements pouvant radicalement changer, dissimulant parfois des journaux audio aux détails perturbants. De plus, d'étranges QR codes sont disséminés dans les lieux, permettent de disposer de détails supplémentaires que l'on pense laissés par d'autres robots qui se posaient les mêmes questions et qui, parfois, disposent d'un peu plus de détails croustillants.

De faux airs de Portal

The Talos Principle s'appuie sur un gameplay à base d'énigmes à résoudre dans des parcelles des environnements, dont les entrées sont indiquées par des voiles violets. Il est question de progresser jusqu'aux récompenses ( les Sigils ), lesquelles permettent de débloquer de nouvelles zones et de faire évoluer le scénario. Au début du jeu, il conviendra d'utiliser le Jammer qui permet de désactiver des champs de force, brouiller des mitrailleuses automatiques et autres bombes. Plus tard, au fil de votre progression, de nouveaux appareils seront débloqués dans les niveaux finalisés, comme des connecteurs pour relier des faisceaux lumineux, des blocs pour gagner en hauteur, des ventilateurs pour projeter des choses ou encore des terminaux enregistreurs qui permettent d'enregistrer une phase de gameplay et de la rejouer ensuite de concert avec vos nouvelles actions.

Dans tous les cas, il conviendra de bien étudier le level design afin de le tirer à notre avantage pour résoudre les énigmes. Si les premières épreuves ne sont guère complexes, le titre hisse progressivement la difficulté vers le haut et nous laisse souvent perplexe face à certaines impasses que nous jugeons initialement comme infranchissables. Il convient alors de tester différentes configurations, réfléchir autrement, distinguer la façon dont les niveaux sont conçus, etc. En somme, les casse-tête nous donneront de plus en plus de fil à retordre, mais sans être tirés par les cheveux en raison d'une conception intelligente.

Au fil des nouveaux outils acquis, les niveaux combineront de plus en plus toutes ces possibilités, découlant parfois sur une solution unique qui nécessite un protocole bien précis pour débloquer le Sigil. Ils sont par ailleurs présentés sous différentes formes ainsi que différentes couleurs. Ce dernier critère précise souvent la difficulté de l'épreuve : un Sigil vert signe généralement une difficulté acceptable, tandis que le rouge annonce toujours que nous allons clairement nous creuser les méninges. De plus, certains niveaux dissimulent d'autre Sigils, représentés sous la forme d'étoiles. Difficiles à obtenir, ils intéresseront surtout les plus téméraires d'entre-nous qui chercheront à mettre l'ensemble du jeu à l'amende.

Dans l'absolu, le soft fait clairement référence à Portal, célèbre jeu de Valve, ou encore Antichamber, en raison du style de jeu gravitant autour des énigmes à résoudre. L'un des intérêts du jeu se concentre dans sa liberté d'action, puisqu'il est possible de passer d'un casse-tête à l'autre à tout moment, limitant ainsi la linéarité et la frustration des joueurs. Ainsi, il est possible d'effectuer les épreuves à notre rythme et dans le sens que l'on souhaite. La seule limite se présentera dans les défis plus avancés qui nécessiteront d'avoir débloqué de nouveaux outils en ayant récolté suffisamment de Sigils.

Petit plaisir solitaire

Vous l'aurez compris, The Talos Principle cherche à jouer avec notre matière grise, sur un fond de scénario plutôt mythique qui plaira aux amateurs d'expériences atypiques. Composé de nombreux casse-tête, le titre propose une durée de vie d'environ dix heures, pouvant être gonflées selon l'efficacité de votre logique et votre envie de débloquer tous les Sigils et toutes les étoiles cachées dans certains niveaux. Cela reste relativement honnête au regard du prix proposé lors du lancement ( 39,99 euros ).

Techniquement, le titre propose un rendu convenable et nécessite une configuration modeste pour y jouer sur Windows et MacOS. Les effets graphiques s'avèrent réussis bien que très vides en matière de détails. En effet, les environnements sont généralement composés de ruines sous un soleil de plomb ou sous une averse orageuse. L'ensemble contribue au sentiment d'isolement certainement voulu par les développeurs, dépouillant les détails en faveur d'une concentration du joueur sur le coeur de gameplay. Pour accompagner notre progression, il faudra également compter sur des musiques zen et parfois inspirées des lieux visités. Dans tous les cas, l'ambiance est respectée et inspire à nous faire réfléchir sans nous pousser à l'exaspération. Ainsi, le plaisir demeure intact tout au long du jeu.