En annonçant la semaine dernière son plan de transformation, l'opérateur Bouygues Telecom se prépare à un avenir en solo sur un marché mobile français à quatre opérateurs. Cependant en coulisses, les discussions vont et viennent autour d'un rachat par Orange, et dans une moindre mesure par Free.
Même si chacun des acteurs affirme que les négociations n'ont pas abouti, cela ne signifie pas pour autant que la piste est oubliée. Et si Orange avance à pas de loup, c'est qu'il aimerait en savoir plus sur les conséquences d'une autre fusion programmée en Allemagne entre les opérateurs O2 (groupe Telefonica) et E-Plus (groupe KPN).
Bruxelles doit donner son feu vert pour une transaction de plus de 8 milliards d'euros mais pourrait imposer des conditions dont l'opérateur historique aimerait connaître la teneur avant de se lancer lui-même dans une phase de rapprochement avec Bouygues Telecom.
Selon le journal La Tribune, Orange se serait donné jusqu'à la fin du mois de juillet pour évaluer la situation et la décision de la Commission européenne dans le cas allemand aura un certain poids dans l'engagement à venir de l'opérateur, notamment s'il s'agit de céder des capacités réseau et des fréquences à un autre acteur ou d'avantager les opérateurs mobiles virtuels.
D'une part, il paraît difficile de faire revenir le marché à quatre acteurs par une nouvelle licence une fois la fusion Orange / Bouygues Telecom enclenchée, d'autre part le marché français des MVNO est affaibli par la cession du plus gros d'entre eux, Virgin Mobile, à Numericable.
Free au centre du jeu
La piste d'un mariage Orange / Bouygues Telecom faisant intervenir Free Mobile à un certain niveau reste donc la plus probable, pour constituer un accord à trois : "à la différence de l'Irlande et de l'Allemagne, une telle opération ne fait pas disparaître le maverick du marché", note ainsi Bruno Lasserre, président de l'Autorité de la Concurrence.
Le maverick, c'est celui qui anime le jeu de la concurrence et force les autres à bouger "en privilégiant le risque sur le confort". Céder des ressources de Bouygues Telecom à Free Mobile en faisant valoir que cela rendra plus fort pourrait donc être l'argument choc pour apaiser les régulateurs antitrust européens.
Dans le même temps, renforcer le maverick n'est pas sans conséquences et peut présenter un danger à plus long terme. Une nouvelle fois, Free joue un rôle pivôt dans le secteur et Xavier Niel peut espérer tirer avantage de la situation pour étoffer Free Mobile...quitte à jouer selon ses propres règles plus tard ?