Le programme PRISM d'interception des communications et données personnelles des utilisateurs et les écoutes téléphoniques pas toujours bien encadrées de la NSA auront une digne contrepartie avec le dispositif que compte déployer le FSB russe pour les Jeux Olympiques de 2014 de Sotchi, révèle le journal The Guardian.
Le quotidien, à l'origine des nombreuses informations dévoilées par le lanceur d'alertes Edward Snowden sur les agissements de la NSA, affirme que le service de sécurité russe ne laissera passer aucune communication sans contrôle, d'après une enquête menée par des journalistes russes.
Appels vocaux comme données pourront être facilement interceptées et analysées en fonction de mots-clés et d'expressions sensibles dans les emails, forums ou réseaux sociaux grâce à l'installation récente d'importantes capacités de suivi des flux de communication, et via un système d'analyse baptisé Sorm, équivalent russe des différents dispositifs d'écoute du programme PRISM américain.
The Guardian indique que les oreilles de Sorm sont en cours de déploiement dans toute la Russie mais que la région de Sotchi a reçu logiquement une attention particulière avec l'événement des Jeux Olympiques.
Un professeur de l'Université de Toronto, qui a participé à l'enquête d'investigation, évoque ainsi un "PRISM dopé aux stéroïdes" dans le sens où le but recherché est le même mais dans le cas de Sorm, les quelques préventions et limitations que l'on peut trouver avec PRISM (même si elles ne sont pas toujours respectées) ne sont pas de mise dans le système russe qui se donne la possibilité de tout écouter, et sans que l'utilisateur en soit averti.
Un document issu du gouvernement américain avertit déjà les professionnels comptant se rendre à Sotchi pour affaires que toute information sensible (négociations, secrets commerciaux) risque d'y être récupérée et transmise à la concurrence, avec des recommandations comme le retrait de la batterie du téléphone lors des réunions.
Le FSB travaillerait depuis 2010 au renforcement des capacités de Sorm en prévision des J.O de Sotchi et forcerait les opérateurs mobiles et fournisseurs d'accès Internet à installer des outils d'interception du trafic.
Mais ce dernier rejette ces affirmations en ayant affirmé dans une conférence de presse que la surveillance ne sera pas extrême...et sans doute moins poussée que celles des services de renseignement britanniques pour les J.O. de Londres en 2012.
Si le service fédéral met en avant les nécessaires questions de sécurité imposant des mesures de surveillance, les observateurs y voient aussi la possibilité de neutraliser toute ONG qui souhaiterait faire entendre sa voix sur des sujets que le gouvernement russe ne veut pas voir exprimés durant les J.O., espace de toutes les intensités médiatiques.