Le gouvernement des Etats-Unis met sa menace de s'attaquer au fondeur chinois SMIC, porteur des espoirs d'indépendance de la Chine en matière de production de composants électroniques, à exécution et va imposer aux fournisseurs d'équipements de production contenant des technologies US l'obligation d'obtenir une licence.
La menace avait été pressentie il y a quelques semaines, conduisant le cours de SMIC à chuter durement en Bourse, et elle attaque directement la capacité de la Chine à devenir un jour indépendante en matière de production de composants électroniques.
Le pays travaille depuis des années à soutenir des entreprises capables de créer des composants spécifiques pour le marché chinois et a investi dans ses fondeurs nationaux pour qu'ils se mettent au niveau des plus grands acteurs mondiaux en matière de finesse de gravure d'ici quelques années, afin de ne plus avoir à dépendre des technologies occidentales et d'éviter de verser de lourdes royalties.
Les sites du fondeur SMIC
En faisant valoir que les outils de production utilisent des technologies US, le gouvernement des Etats-Unis peut sévèrement freiner cette ambition et imposer ses vues, faisant valoir que ces équipements peuvent servir à produire des composants pour l'armée chinoise.
SMIC a beau se défendre de tout lien avec les militaires, les sanctions risquent de freiner sa capacité à atteindre les mêmes finesses de gravure que TSMC ou Samsung dans un délai raisonnable.
Les analystes estiment que le fondeur a environ trois ans de retard sur ses concurrents actuellement mais les restrictions pourraient largement freiner sa capacité à faire progresser rapidement sa finesse de gravure.
La pression des Etats-Unis se joue sur le fabricant européen d'équipements de lithographie EUV (Extreme Ultra Violet) ASML et Reuters indique que le gouvernement néerlandais a subi des pressions pour faire cesser la vente des machines à la Chine.
Les observateurs s'attendent maintenant à ce que la Chine prenne des mesures de représailles contre les entreprises US travaillant dans l'électronique et en lien avec le marché chinois mais la difficulté sera de pouvoir riposter sans mettre en péril son industrie électronique.
Les autorités chinoises ont déjà annoncé la création d'une liste noire d'entreprises occidentales mais sans définir encore les sanctions qui attendent les cibles de leur courroux.