Pendant que le groupe Bouygues a profité des dernières heures de finalisation des offres pour relever sa proposition de plusieurs centaines de millions d'euros, Eric Denoyer, PDG de Numericable, allume un contre-feu sur la question de l'emploi.
Le sujet est sensible et le gouvernement a déjà indiqué qu'il serait l'un des axes (avec l'investissement et l'évolution des prix) que doivent garder en tête les décideurs. Les deux prétendants au rachat de SFR, Bouygues comme Numericable, ont d'ailleurs donné des garanties concernant la préservation de l'emploi.
Mais les situations des deux acteurs ne sont pas comparables. Numericable est avant tout un câblo-opérateur et l'apport de SFR créera des activités complémentaires, alors que dans le cas d'un rapprochement entre Bouygues Telecom et SFR, les doublons d'activité seront inévitables.
Si Martin Bouygues affirme qu'ils peuvent être résolus sans recours à un plan de licenciement, en passant peut-être par des redéploiements, le PDG de Numericable choisit cet angle d'attaque en affirmant qu'"au moins 3000 emplois seront affectés" dans le cas où un rapprochement Bouygues - SFR est privilégié.
" Nous avons 130 boutiques dans lesquelles nous ne vendons que de la fibre et des services pour la télévision. SFR a plus de 700 boutiques et Bouygues 600 qui sont, pour la plupart, côte à côte et vendent le même service et les mêmes smartphones ", fait-il valoir pour marteler le sérieux de son projet face à une proposition "mal ficelée" concurrente.
Un accord Bouygues - Free bancal
De la même façon, Eric Denoyer remet en cause l'accord en cours de négociation entre Bouygues et Free, affirmant que "Bouygues promet de fournir des fréquences à Free qui sont incessibles sans l'accord de l'Arcep" et en évoquant une hausse des tarifs inévitable, malgré les dénégations des intéressés, avec un retour du marché à trois opérateurs.
Le journal Le Parisien indique que Patrick Drahi, président du fonds Altice, actionnaire de Numericable, a comme Martin Bouygues adressé un courrier au gouvernement décrivant ses engagements, dont celui du maintien de l'emploi si un rapprochement entre Numericable et SFR est entériné.
C'est vendredi que le conseil de surveillance de Vivendi doit en principe décider de l'acteur avec lequel il souhaite négocier le rachat de l'opérateur SFR. Sachant que le groupe média désirerait se séparer rapidement de SFR, Bouygues assure qu'il fera introduire en bourse la nouvelle entité "dès la réalisation de la fusion", offrant une liquidité immédiate à Vivendi"', même si les délais d'examen de son dossier par les régulateurs peuvent constituer un obstacle pour le choix de son dossier.