Caractéristiques
Financée via le site collaboratif Kickstarter, le projet de montre "intelligente" (smartwatch) baptisée Pebble est apparu début 2012 sur le site.
Alors que 100 000 dollars étaient nécessaires pour le financer, le projet a récolté quelques 10 266 845 dollars grâce au concours de 68 929 "backers". Un véritable plébiscite pour cette montre qui, sans être la première smartwatch du marché, est probablement le modèle le plus abouti et le plus évolutif. Pour la petite histoire, depuis lors le projet de film "Veronica Mars" a connu un engouement similaire grâce à 91 585 "backers" qui ont financé le projet à hauteur de 5 702 153 dollars (alors que 2 millions de dollars étaient nécessaires) !
Les dimensions de la Pebble sont les suivantes :
- épaisseur : 11 mm
- longueur : 50.8 mm
- largeur : 33 mm
La largeur du bracelet est standard (22 mm) et il s'adapte à des circonférences de poignets allant de 14 cm à 21 cm.
La Pebble, c'est avant tout un écosystème qui assure une multitude de fonctionnalités à la montre. Les développeurs pourront s'en donner à coeur joie puisque cet écosystème inclut un kit de développement (SDK) gratuit qui permet à n'importe qui de développer une application (watch app) ou une watchface cmme ci-dessous (application spécifique d'affichage de l'heure).
La montre peut communiquer avec un smartphone via le Bluetooth.
Actuellement, seules les plates-formes iOS et Android sont supportées avec des applis dédiées disponibles. La communication entre Pebble et smartphone est bidirectionnelle, ce qui permet à la Pebble d'effectuer une opération sur le téléphone ou bien le contraire.
Windows Phone ne supporte pas le profil HID du Bluetooth qui permet cela. C'est la raison pour laquelle, il n'y a pas d'application Pebble sur le Market Store de Windows Phone 8.
Cet SDK peut être exploité par des éditeurs ou des constructeurs afin de rendre la Pebble compatible avec leurs applications. C'est ainsi que RunKeeper est compatible avec la Pebble.
D'autres applis sont intégrées d'office dans la Pebble et permettent de recevoir différentes notifications directement depuis la montre (e-mail, SMS, appels…).
Ayant dépassé le montant nécessaire pour financer le projet, Pebble a ajouté une fonctionnalité à la montre. La Pebble est ainsi étanche jusqu'à 5 ATM. Il est donc possible de nager avec, de prendre la pluie ou encore de laver la vaisselle avec. Il n'est toutefois pas recommander de plonger avec ou de l'exposer à de l'eau très chaude.
La montre est déclinée en plusieurs coloris. Les backers ont reçu leur exemplaire depuis et il est actuellement possible de la précommander sur le site getpebble (pour une livraison probable en septembre). Le site français La Montre Bleue spécialisée dans les smartwatches et autres bracelets Bluetooth la propose également.
Un concentré de technologies
La Pebble est avant tout caractérisée par un écran à technologie e-paper (electronic paper).
Il affiche uniquement du noir et blanc (pas de nuances de gris contrairement aux écrans E Ink).
Tout comme la technologie d'affichage E Ink, il consomme très peu d'énergie. Mais ce type d'écran développé par Sharp peut être rafraichi beaucoup plus rapidement, ce qui permet d'afficher des animations parfaitement fluides (ce n'est pas le cas sur les E Ink).
Un rétro-éclairage lui est associé et se déclenche par l'appui sur un bouton ou en déplaçant énergiquement la montre grâce à l'accéléromètre intégré (cette option peut-être désactivée).
L'écran mesure 1.26 pouce et affiche 144 par 168 pixels, soit une densité de pixels de 176 ppp (pixels par pouce).
Outre cet écran qui assure une autonomie confortable à la montre, un microcontrôleur (MCU) ARM anime la Pebble. Il s'agit d'un MCU à architecture Cortex-M3 cadencé à 120 MHz.
Les développeurs ont opté pour le STM32F205RE produit par la société franco-italienne STMicroelectronics. Tandis que l'accéléromètre à trois axes (puce LIS3DH) est aussi un produit fabriqué par STM, la flash de 32 Mb est produite par Micron (puce N25Q032A11ESE40F). Ces informations ont été obtenues par le site iFixit qui s'est livré à un désossage en règle de la Pebble.
La Pebble embarque également un moteur vibrant (comme dans les smartphones) et un module supportant le Bluetooth 2.1+EDR et le Bluetooth 4.0, dont le profil Bluetooth Low Energy (BLE). Cette dernière fonctionnalité n'est toutefois pas encore supportée par le dernier firmware (v1.11) de la montre. Mais les développeurs assurent qu'il le sera prochainement.
Compatibilité avec iOS et Android
La Pebble fonctionne avec les plates-formes iOS (iPhone) et Android.
Sur iOS, elle est compatible avec les iPhone 3GS, 4, 4S, 5 et n'importe quel iPod Touch avec iOS 5 ou iOS 6. Toutefois avec iOS 5 (et l'iPhone 3GS), la Pebble offre des fonctionnalités qui sont restreintes.
L'appli Pebble est disponible gratuitement sur l'App Store et sur le Google Play.
Sur la plate-forme mobile de Google, elle est compatible avec la version 2.3 minimum d'Android.
Les notifications peuvent induire une vibration de la montre et il est possible de l'interrompre simplement en secouant le poignet.
Parmi les informations qui sont redirigées vers la montre, il y a :
- identification de la personne qui appelle et du numéro
- email (en provenance de Gmail ou de n'importe messagerie IMAP) ; seul Gmail est supporté via Android
- SMS (depuis Android et iPhone)
- alertes liées à votre calendrier
- les messages Facebook
- alertes Twitter
- iMessage pour les terminaux iOS
- les alertes météo
Via l'appli mobile Pebble, on activera les notifications sur la montre. Mais il existe d'autres applications telles que Pebble Notifier qui permettent encore mieux de gérer les notifications en provenance de nombreuses applis mobiles.
On peut également régler une alarme vibrante mais aussi commander une appli de musique (pour le changement des plages ou la pause).
De nombreuses autres applications sont présentes sur les stores Android et Apple étendant l'éventail des possibilités offertes par la Pebble (notification des marées, fonction de type "Find my Phone"…).
On notera que sur Android, si la connexion est perdue entre la montre et le mobile, la connexion s'établit de nouveau de façon transparente pour l'utilisateur lorsque la montre est à nouveau à la portée du récepteur BT du smartphone. Ce n'est en revanche pas le cas avec iOS. Il faudra en effet repasser par l'appli Pebble afin de la réinitialiser. On espère que ce problème sera réglé avec une future mise à jour du micrologiciel et/ou de l'appli Pebble pour iOS.
Le support du Bluetooth 4.0
Le dernier firmware (v1.11) de la Pebble n'apporte toujours pas le support du Bluetooth Low Energy (BLE).
Toutefois, iOS utilise le profil MAP (Message Access Profile) afin d'envoyer des notifications via Bluetooth. Or, MAP n'est pas supporté par le BLE et donc même si un nouveau micrologiciel de la Pebble apporte le BLE, il ne pourra pas être utilisé par celle-ci si elle est connectée à un iPhone.
Notons par ailleurs, que les versions stock d'Android (jusqu'à Android 4.2) ne supportent pas le Bluetooth 4.0. Android 4.3 devrait cependant changer la donne. Les surcouches propriétaires de nombreux constructeurs (MotoBlur de Motorola, Touchwiz de Samsung…) apportent toutefois déjà le support du Bluetooth 4.0.
Windows Phone 8 quant à lui ne supporte pas le profil Bluetooth HID nécessaire pour connecter des accessoires Bluetooth comme la Pebble à un smartphone.
Il n'est pas également prévu d'étendre le support de la Pebble à Blackberry 10.
Prise en main
La Pebble tire profit d'une utilisation de concert avec un terminal mobile iOS (iPhone ou iPod Touch) ou Android.
La montre se caractérise par 4 boutons sur lesquels aucune indication de fonctionnalité n'est donnée. Et pour cause puisque rien n'empêche qu'une mise à jour de son firmware ne vienne changer leurs prérogatives. C'est d'ailleurs déjà arrivé au gré d'un précédent changement de micrologiciel.
L'unique bouton situé sur la tranche gauche permet d'activer le rétroéclairage mais également de revenir en arrière. Le bouton central sur la tranche droite permet d'accéder aux différents réglages de la montre tandis que les deux autres boutons permettent d'aller vers l'avant ou l'arrière.
La largeur du bracelet est standard (22 nm) ce qui permet d'en changer très facilement et de personnaliser d'une certaine manière sa Pebble. Dans cette même optique, il existe des skins qui permettent de modifier l'apparence de la montre.
Pour connecter la montre à son smartphone, il suffit d'installer l'appli Pebble (disponible sur iOS et Android), d'appuyer sur "connecter" depuis cette appli et d'accepter côté Pebble. On peut ensuite installer les applis et les watchfaces depuis l'appli mais aussi paramétrer les notifications.
Petite sélection de Watchfaces et d'apps
Si vous désirez faire une petite partie de Tetris sur votre Pebble à n'importe quel moment de la journée, il existe une appli pour cela.
D'autres jeux sont disponibles tels que Snake ou encore des jeux Game & Watch (Fire Rescue ci-dessous).
Mais c'est surtout du côté des Watchface que vous n'aurez que l'embarras du choix. Si via l'appli Pebble, vous ne pouvez accéder qu'à certaines d'entre elles, il en existe des tas qui sont distillées sur les forums Pebble.
En voici quelques-unes.
Affichage vintage à volets qu'on trouvait sur les horloges AIC Flip Flap (Flick Clock) :
Affichage semblable à celui de la Freebox Revolution :
Affichage avec animation NyanCat (attention à l'autonomie tout de même) :
Affichage binaire à l'effigie du jeu Tic-Tac-Toe :
Affichage type Game & Watch avec reprise de l'écran du jeu Parachute de Nintendo :
Afichage Cookie Monster avec son animation sympa :
Le kit de développement
L'un des points forts de la Pebble réside incontestablement dans l'existence d'un kit de développement qui lui est dédié. Il est disponible gratuitement sur le site getpebble et permet de développer des applis pour cette montre ultra geek.
Il est présenté comme très facile à appréhender avec l'existence d'une librairie de fonctions. Les outils de ce kit sont écrits en Python et il faudra avant tout installer Python 2.7 sur votre machine si vous désirez développer une watch app ou une watchface.
La communication bidirectionnelle via le Bluetooth permet d'envoyer à une appli installée sur le smartphone des indications en provenance de la montre (comme celles liées à l'accéléromètre 3 axes intégré dans la Pebble). On peut ainsi imaginer un jeu sur smartphone piloté en partie par des mouvements effectués avec son bras ou une appli qui peut réaliser un monitoring de votre sommeil à l'instar des bracelets Jawbone Up ou Fitbit.
Dans l'autre sens, la Pebble peut tirer profit du GPS intégré dans le smartphone (ou la tablette) et en exploiter les données comme le fait par exemple l'APN Compact Expert Canon S110 qui peut géotagger les photos (a postériori) grâce au GPS du smartphone (en utilisant la connectivité WiFi de l'APN pour se connecter au mobile).
Les possibilités sont quasiment infinies et peuvent être extrêmement variées. RunKeeper offre ainsi un affichage déporté sur la Pebble. L'icône Pebble apparaît très discrètement sur l'appli mobile et l'affichage déporté se fait sur la Pebble si vous appuyez sur cette petite icône dès que vous démarrez un exercice.
Pebble travaille également avec iCaddie pour une appli dédiée au golf.
Toutefois, le SDK Pebblekit n'est pour l'heure disponible que sur Mac OS X et Linux (et pas encore pour Windows).
Par ailleurs, ceux qui sont habitués à écrire avec des langages de haut niveau risquent d'être déçus car ce SDK qui supporte le langage C de base, c'est-à-dire sans allocation dynamique par exemple. Cependant, la librairie fournie par Pebble est assez complète et donne accès à de nombreuses fonctions (pour communiquer avec le smartphone par exemple).
On définira alors des callbacks initiés par la Pebble en fonctions de différentes actions (appui sur un bouton par exemple).
Autonomie et câble d'alimentation
La Pebble est alimentée par une petite batterie de marque Fullriver de 130mAh capable de délivrer une tension d'alimentation de 3.7 volts.
Selon les développeurs de la montre, elle assure une autonomie de 7 jours à la montre. Nous confirmons cette autonomie qui a même pu être dépassée avec un usage modéré des fonctionnalités de la montre. La recharge dure 3 heures (confirmé également). L'écran e-paper contribue indéniablement à une telle frugalité énergétique. La montre "tire" donc en moyenne un courant de 774 uA sur la batterie.
C'est un des points essentiels qui caractérise la Pebble et qui la distingue des autres smartwatches du marché.
On notera qu'un autre projet Kickstarter de montre intelligente baptisée Agent est en ligne depuis peu avec un système de recharge basée sur la norme Qi.
La Pebble doit, elle, être connectée à un chargeur ou un PC via le câble USB fourni avec. Il s'agit d'un câble propriétaire puisqu'il se connecte à la montre via un connecteur aimanté dédié ressemblant au magsafe d'Apple. Il permet à la montre d'être étanche mais il faudra en prendre grand soin. Lors de notre test, le câble s'est retrouvé malencontreusement détérioré et hors d'usage.
Cela nous a permis de découvrir que la partie connecteur USB "classique" intégrait des composants CMS dont probablement un petit régulateur qui assure le passage des 5 volts au 3.7 volts. Ressoudé correctement, il fonctionne à nouveau mais la nécessité d'utiliser ce câble propriétaire est le gros bémol de la Pebble.
Enfin, on notera que sa batterie peut être rechargée jusqu'à 300 fois, ce qui assure une durée de vie d'un peu moins de 6 années (en prenant pour hypothèse que chaque charge confère une autonomie de 7 jours).
Si la Pebble s'avère très peu énergivore avec une autonomie moyenne de 7 jours, votre smartphone n'aura pas à souffrir du Bluetooth activé. Pebble annonce une surconsommation de 5 à 10% pour celui-ci. On est même plus proche des 5% en pratique malgré l'absence de support du BLE par le firmware actuel de la Pebble.
La Pebble parmi les Smartwatches
Récemment, ce sont les montres Outdoor Suunto Ambit et Ambit 2 qui ont été testées. Il s'agit à bien des égards de smartwatches même si elles se classent plutôt dans la catégorie des montres outdoor à GPS intégré. Il ne s'agit toutefois pas de montres connectées à un smartphone. Mais elles offrent également la possibilité de créer et d'importer des applis, les Suunto Apps.
Mais plus proches de la Pebble, on trouve la SmartWatch de Sony, la Metawatch, la MotoActv de Motorola, la Cookoo, la G Shock Bluetooth de Casio…
On peut également ajouter les bracelets intelligents (plutôt orientés fitness) tels que le Fixbit, le Up de Jawbone ou encore le Fuelband de Nike (non encore sorti en France et dont une seconde mouture pourrait voir le jour prochainement avec support du BLE).
Il existe donc de nombreuses montres et des bracelets qui offrent des possibilités intéressantes. Mais la Pebble est le seul produit qui réunit autonomie conséquente (i.e. 7 jours), existence d'un SDK pour développer des applis (par des éditeurs ou des particuliers) et prix raisonnable (199€ sur la Montre Bleue et 150$ plus frais de ports et de douane via getpebble lorsqu'elle sera à nouveau disponible).
La Pebble monte donc sur la plus haute marche du podium des smartwatches grâce à un compromis optimum.
Toutefois, la montre Agent (projet Kickstarter qui s'est terminé récemment) ou encore des modèles qui devraient être fabriqués par le constructeur d'écrans E Ink (avec écran souple de type E Ink Mobius) pourraient venir la concurrencer. On pense également à une éventuelle iWatch signée Apple (reste à voir son prix) ainsi qu'à d'autres modèles produits par Samsung ou encore Microsoft.
Mais pour l'heure, Pebble est là et bien tangible.
Les bémols
On l'a vu, le câble permettant de recharger la Pebble via un port USB est propriétaire. S'il est livré avec la montre, il n'est pour l'instant pas possible d'en commander un second sur le site getpebble.
Par ailleurs, la mémoire flash de 32 Mb ne permet pas de stocker beaucoup d'applications : seulement 8 watchfaces par exemple. Toutefois, il est facile d'en changer très rapidement depuis l'appli mobile dédiée.
D'aucuns regretteront également l'absence de couleurs sur les écrans de type e-Paper. Mais cette technologie assure une autonomie conséquente à la montre et permet de voir l'heure en plein soleil.
On notera aussi que la montre est entièrement scellée et ne peut donc être ouverte pour une éventuelle réparation. Aucune vis ne permet effectivement d'ouvrir son boîtier constitué de deux parties collées entre elles pour des raisons évidentes d'étanchéité.
Si on prend soin de sa Pebble, il n'y a aucune raison de rayer son écran. Mais sachez, qu'il est bombé et que les rayures sont donc possibles même si Pebble précise que la matière utilisée résiste aux chocs et aux rayures et intègre de surcoît une couche antireflet.
Enfin, on regrettera que son firmware ne supporte pas encore le BLE qui contribuerait pourtant à augmenter son autonomie.
Conclusion
Si elle n'est pas exempt de défauts, la smartwatch Pebble a de nombreux atouts qui démontrent qu'elle méritait bien d'être plébiscitée sur Kickstarter. En premier lieu, son autonomie moyenne de 7 jours est un véritable plus si on la compare aux autres modèles du marché.
Adossée à un kit de développement disponible sur le site Getpebble, elle n'a comme seules limites l'imagination des développeurs. Une communauté existe déjà avec des applications et des usages qui la rendent et la rendront de plus en plus intéressante.
Montre geek par excellence, elle est toutefois bien moins onéreuse qu'une paire de Google Glass et offre déjà tout un éventail de fonctionnalités très pratiques et ludiques transformant la Pebble en compteur pour vélo, en mini console de jeu ou tout simplement en montre classique ou fantaisiste.
+ Les plus
- support d'Android et de iOS
- autonomie moyenne de 7 jours
- un SDK libre
- de nombreuses applis et watchfaces
- ergonomie
- une montre évolutive
- design sympa
- Les moins
- recharge via un câble propriétaire
- firmware actuel ne supporte pas le BLE
- impossible de la réparer