En accumulant les retards, la gravure en 10 nm d'Intel a manqué son créneau, coincée entre une gravure en 14 nm étendue et une gravure en 7 nm dont le développement tire profit de celui du noeud 10 nm, lui permettant d'arriver sur le marché bien plus vite.
Disponible depuis la toute fin 2019 (hors productions limitées de processeurs d'entrée de gamme quelques trimestres plus tôt), elle ne devrait pas être proposée très longtemps avant une gravure en 7 nm qui fera sérieusement son apparition à partir de 2021.
Le directeur financier d'Intel, George Davis, a donc confirmé lors d'une conférence d'analystes que le noeud 10 nm offrira peu de rentabilité pour la firme et ne devrait pas constituer une offre aussi forte que le 14 nm, le 22 nm avant lui et le 7 nm qui lui fera suite.
Il a relevé également que la gravure en 10 nm d'Intel reste en retrait par rapport à ce que propose la concurrence (TSMC et Samsung, notamment, déjà engagés sur le 7 / 6 / 5 nm). Ce n'est qu'avec la gravure en 7 nm que la firme de Santa Clara reviendra à égalité, tandis que la gravure en 5 nm, vers 2024 ou 2025, devrait lui redonner l'avantage.
Cela reste à voir puisque sur cette fenêtre, TSMC et Samsung pourraient basculer sur du 3 nm en remplaçant les transistors FinFET par du GAAFET (Gate-All-Around).
L'appréciation se fait selon différents critères d'efficacité et de densité de transistors, et pas seulement sur la finesse de gravure. La gravure en 10 nm d'Intel offre ainsi une densité comparable à celle de la gravure en 7 nm de TSMC, a indiqué George Davis.
Mais cela signifie aussi que les années 2020 et 2021 vont être compliquées pour Intel en matière de compétitivité de ses solutions alors que le concurrent AMD a sauté le pas d'une gravure en 7 nm fournie par TSMC, en attendant de descendre encore plus bas (avec les processeurs Epyc Genoa sous architecture Zen 4, par exemple).
Malgré tout, les processeurs gravés en 10 nm qui arrivent sur le marché vont assurer la transition vers le 7 nm vers fin 2021. Tout en reconnaissant la progression d'AMD dans les processeurs x86, notamment pour serveurs, le directeur financier note tout de même que la demande reste forte pour les produits Intel, ce qui limite la casse, même si AMD a le champ libre pour prendre les devants sur les deux années à venir.