Alors que la question de l'emploi dans les télécoms est en train de basculer vers une problématique de rapatriement des centres d'appel en France et d'abandon des mesures de la loi Chatel considérées comme trop favorables au consommateur, Free Mobile, au centre de toutes les critiques ou presque ( avec l'Arcep ), est resté jusqu'à présent discret, répétant sous forme de tribunes accordées à Xavier Niel la série de contre-arguments à opposer aux attaques des trois autres opérateurs.

Et puisque l'on critique son modèle économique de réseau mobile hybride profitant de l'accord d'itinérance 3G signé avec Orange pour proposer des prix agressifs pour ses forfaits mobiles, Xavier Niel semble vouloir porter à son tour un coup à un autre modèle, celui-ci établi depuis des années : la subvention des mobiles.

Le journal Capital affirme que Free a porté plainte contre l'opérateur SFR pour concurrence déloyale sur la question de la subvention des mobiles, usage très commun dès qu'il s'agit de vendre des forfaits mobiles sur 12 ou 24 mois.

Free Mobile n'exploite pas ce modèle mais propose un système d'achat à crédit qui permet d'acheter en douceur un téléphone en versant de quelques euros à quelques dizaines d'euros chaque mois selon le modèle et la durée du crédit.


Le crédit qui ne dit pas son nom...et échappe aux obligations légales
Logo Free Mobile  Or, pour Xavier Niel, subventionner des mobiles revient à " faire du crédit à la consommation déguisé...sans se soumettre aux contraintes légales. Cela revient à pratiquer des taux d'usure de 300 ou 400% que le consommateur ne voit pas ", indique-t-il dans une interview exclusive à paraître dans le prochain magazine Capital ( du 19 juillet 2012 ).

A vrai dire, depuis l'arrivée de Free Mobile et ses forfaits sans subvention, l'attention a beaucoup plus été attirée sur les coûts totaux des abonnements avec subvention sur une période donnée. Si les trois opérateurs historiques pratiquent tous la subvention des mobiles, Free ne semble s'être attaqué pour le moment qu'à SFR.

L'initiative sera intéressante à suivre à l'heure où le consommateur semble être la victime expiatoire désignée des prochaines mesures censées préserver l'emploi dans le secteur. Le modèle de Free Mobile, qui joue sur la liberté de mouvement des clients, avec forfait sans engagement et achat éventuel d'un mobile selon un crédit à la consommation, saura-t-il se prévaloir d'une plus grande légitimité face à celui du forfait avec engagement sur 12 à 24 mois et mobile à prix attractif sur le moment mais qui revient cher sur la durée de l'abonnement ?

Question d'autant plus sensible dans ses implications que le gouvernement pourrait revenir sur la possibilité de sortir de l'engagement sur 24 mois avant terme et à conditions avantageuses, alors même que les associations de consommateurs appellent régulièrement à l'abolition de l'engagement sur 24 mois.

Source : Capital