Déployer la fibre optique en France devait coûter 20 milliards d'euros et s'achever autour de 2022, selon le grand plan France très haut débit défini en 2013. La Cour des comptes a fait le point sur le dossier et constate dans un rapport qui vient d'être rendu public que ni le financement ni les délais ne seront tenus.
Alors que l'Hexagone ne pointe déjà qu'à la 24ème place des 28 pays de l'Union européenne pour son déploiement fibre, le raccordement de 100% des entreprises et foyers français ne devrait pas se faire avant 2030 au mieux, et pour un coût total qui avoisinera les 35 milliards d'euros.
"Il existe une impasse budgétaire d'au moins 12 milliards d'euros après 2022, aussi bien en ce qui concerne le budget de l'Etat, que celui des collectivités locales", signale le rapport, du fait d'un mode de calcul par l'Etat calqué sur celui des opérateurs télécom mais qui ne tient pas compte des coûts de raccordement final.
Or, note le journal Le Figaro, c'est justement sur les portions de territoires dont les investissements sont couverts par les finances publiques que les coûts de raccordement sont les plus élevés, c'est à dire en zone moyennement denses.
Et si la Cour des comptes observe que l'objectif intermédiaire de 50% de foyers raccordés d'ici mi-2017 sera tenu, c'est aussi parce que "les opérations les plus faciles ont été réalisées en premier" en couvrant les zones à forte densité.
Autrement dit, pour les 50% restant, le rythme de déploiement va s'allonger significativement, avec un vrai risque d'une fracture entre zones denses et zones moins denses. Pour tenter de maintenir le projet de couvrir 100% des foyers français en très haut débit, la Cour des comptes préconise de modifier le projet en basculant sur une couverture à 80% en fibre optique et le reste avec d'autres moyens assurant au moins 30 Mbps.
Cela peut passer par le câble, le VDSL2, le satellite ou la boucle locale radio THD. A voir aussi ce que peuvent donner les premières offres de box 4G en zones rurales, mais elles devraient rester marginales. Reste aussi la question du réseau cuivre dont beaucoup d'usagers se contentent, limitant la migration vers les offres THD.