Dans le cadre de la lutte contre le coronavirus Covid-19 et pour suivre sa propagation, huit opérateurs télécoms ont accepté de partager avec la Commission européenne leurs données de géolocalisation. Reuters a une confirmation de cet engagement par la GSMA Association qui représente de nombreux opérateurs et acteurs de la téléphonie mobile dans le monde.

Les huit opérateurs télécoms concernés sont : A1 Telekom Austria, Deutsche Telekom, Orange, Telecom Italia, Telefonica, Telenor, Telia et Vodafone. L'accord intervient après une conférence téléphonique en début de semaine avec le Commissaire européen au Marché intérieur.

Thierry Breton avait demandé la mise en place très rapide d'un suivi sur une base quotidienne et avec un grand opérateur par pays. Les données de géolocalisation serviront à coordonner des mesures visant à contenir la propagation du virus, anticiper les besoins en soins en fonction de la prévision de pics de contamination.

A priori, cela suppose d'établir un lien avec les mesures de confinement prises, mais avec des données agrégées et anonymisées. Elles devront être détruites à l'issue de la crise sanitaire. Il va sans dire que tout cela soulève des questions en matière de respect de la vie privée, notamment en raison des aléas sur les données censées être anonymisées.

masque-chirurgical

Selon une lettre du Contrôleur européen de la protection des données adressée à la Commission européenne (PDF), celle-ci " devra clairement définir l'ensemble des données qu'elle souhaite obtenir et assurer la transparence vis-à-vis du public pour éviter tout malentendu éventuel. "

Le Contrôleur européen ajoute qu'il serait " préférable de limiter l'accès aux données à des experts autorisés en épidémiologie spatiale, en protection des données et en science des données. "

Secrétaire général du Conseil national du numérique, Charles-Pierre Astolfi souligne que le traitement de données anonymisées est " l'option la moins intrusive. " Pour autant, il indique que la France réfléchit à une stratégie d'identification des personnes avec un pistage des malades et pour identifier celles qui auraient été en contact, comme cela se fait dans d'autres pays.

Aucun projet n'est actuellement en cours. " À l'étranger, le numérique sert aussi au traçage dans une logique de dépistage / isolement à grande échelle des malades. Mais lundi, le Conseil scientifique indiquait que cette option n'était pas pour l'instant réalisable à l'échelle nationale ", écrit Charles-Pierre Astolfi.

" Attention à l'hystérisis : des mesures impensables en temps normal, appliquées lors de la crise et qui deviennent acceptables lors du retour à la normale ", prévient le secrétaire général du CNNum. C'est aussi le sens d'un avertissement du Contrôleur européen de la protection des données.