Fin 2020, la Commission européenne a fait parvenir à Amazon une communication de griefs. Cette sorte d'acte d'accusation fait suite à une enquête approfondie sur des pratiques anticoncurrentielles. Le géant de l'e-commerce est pointé du doigt pour son accès et utilisation d'une vaste quantité de données de détaillants indépendants qui vendent sur sa place de marché.
L'exécutif européen a mis en balance le double rôle d'Amazon qui met à disposition des vendeurs tiers sa Marketplace, tout en étant lui-même un vendeur pour des produits concurrents. " Les données relatives à l'activité des vendeurs tiers ne devraient pas être utilisées au bénéfice d'Amazon lorsque celui-ci agit en tant que concurrent de ces vendeurs. "
Parmi ces données, il y a le nombre de produits commandés et expédiés, le nombre de visites sur les offres ou encore les performances des vendeurs. Elles permettraient à Amazon de développer et positionner des produits concurrents, d'ajuster ses offres et prix.
Amazon multiplie les engagements de bon sens
La Commission européenne indique qu'Amazon a pris des engagements pour mettre un terme à la procédure et éviter une possible amende. " Amazon s'engage à s'abstenir d'utiliser des données non publiques relatives aux activités des vendeurs indépendants sur sa place de marché, ou tirées de celles-ci, pour ses activités de vente au détail qui sont en concurrence avec ces vendeurs. "
Il précisé que cela concernera les outils automatisés d'Amazon, ainsi que pour les employés susceptibles de croiser des données d'Amazon Marketplace pour des décisions de vente au détail.
D'autres concessions font écho à une procédure visant des pratiques commerciales d'Amazon qui pourraient favoriser artificiellement ses propres offres de vente au détail et les offres des vendeurs de sa place de marché utilisant ses services logistiques et de livraison.
Ainsi, Amazon s'engage à traiter sur un pied d'égalité tous les vendeurs lors du classement des offres de la Buy Box de son site qui affiche l'offre d'un vendeur pour un achat rapide, à proposer une deuxième offre concurrente le cas échéant.
Pour son programme Prime, Amazon propose notamment de permettre aux vendeurs de choisir librement n'importe quel transporteur pour leurs services logistiques et de livraison, de négocier les conditions directement avec le transporteur de leur choix. Un autre engagement est de " ne pas utiliser, pour ses propres services logistiques, d'informations obtenues grâce à Prime sur les conditions et les performances des transporteurs tiers. "
La Commission européenne souligne que toutes les parties intéressées ont jusqu'au 9 septembre prochain pour présenter leurs observations sur les engagements pris par Amazon. Le groupe risque une amende de jusqu'à 10 % de son chiffre d'affaires mondial s'il est reconnu coupable de pratiques anticoncurrentielles.