Les ventes de voitures électriques doivent contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur du transport. pour les constructeurs, il faut pouvoir en vendre suffisamment afin de compenser les émissions du parc des véhicules thermiques.

Problème, les ventes de véhicules électriques ralentissent en Europe. Si la croissance se poursuit, elle se fait au ralenti et ne permet pas le mix électrique / thermique qui permettrait de rentrer dans les limites d'émissions imposées par l'Union européenne dans le cadre du projet de transition écologique et de neutralité carbone à l'horizon 2050.

Faute de répondre à ces exigences, les constructeurs européens risquent de lourdes amendes que le lobby du secteur a estimé à 15 milliards d'euros. Un poids écrasant qui risque de les pénaliser face à la concurrence chinoise et qui risque de freiner leur capacité d'investissement pour réussir la transition vers l'électrique.

Remodeler les exigences sans les réduire

Depuis des mois, le lobby appelle donc à une clémence de la Commission européenne sur cette question, sous peine de mettre les constructeurs automobiles européens en grande difficulté, alors que les fermetures d'usines et les licenciements frappent déjà durement le secteur.

Leur appel à l'aide a été entendu par la Commission européenne qui a annoncé accepter d'assouplir les modalités de la réglementation CAFE (Corporate Average Fuel Economy) qui dicte les réductions d'émission par constructeur en fonction de leurs gammes de véhicules commercialisés.

Pollution diesel

Les émissions de CO2 seront ainsi calculées sur trois ans (2025 à 2027) au lieu d'une année de manière à permettre aux retardataires de se rattraper et aux bons élèves de bénéficier d'un crédit d'émissions, sans pour autant changer les objectifs de décarbonation du secteur.

Les ONG environnementales s'inquiétaient justement d'une révision de ce cadre et d'un abandon de la fermeté de l'UE jusqu'à présent sur le sujet, alors que le projet de fin du thermique en 2035 est de plus en plus attaqué.

En France, l'Assemblée nationale a rejeté l'article 9 du projet Loi verte qui devait modifier la date de fin du thermique de 2040 à 2035 pour s'aligner sur l'objectif européen.

Des nuages au-dessus du secteur et des pistes de sortie

La décision de la Commission européenne sur un assouplissement de la règle CAFE arrive également après l'annonce par Donald Trump d'augmenter les tarifs douaniers sur les produits venus d'Europe.

Les ventes de véhicules européens aux Etats-Unis vont forcément en pâtir et compliquer encore les perspectives des constructeurs établis outre-Atlantique, comme BMW, premier exportateur aux USA.

Mais si les conditions sont assouplies, le problème initial reste le même : il va falloir trouver le moyen de relancer les ventes de véhicules électriques et réduire progressivement celles des motorisations thermiques.

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Renault 5 E-Tech Electric, la nouvelle vague

Les modèles électriques à venir à moins de 25 000 € puis autour de 20 000 € attendus cette année et la prochaine sauront-ils convaincre un public circonspect et en attente de visbilité de moyen terme, sinon de long terme ?

On notera également que les ventes de véhicules Tesla, pionnier nord-américain de l'électrique, ont fortement chuté en Europe ces derniers mois sous l'effet des baisses des aides à l'achat mais aussi de l'image devenue sulfureuse de son dirigeant Elon Musk. Cela ouvrira-t-il des portes à d'autres acteurs ?

Certains observateurs notent qu'une voie intermédiaire pourrait être trouvée avec la politique de réarmement de l'Europe qui pourrait amener à convertir des usines automobiles en sites de production de matériel militaire. Comme un retour aux heures sombres du XXème siècle...