Alors que les matières premières comme le lithium ou le cobalt voient leurs prix augmenter fortement en faisant l'objet d'une très forte demande et deviennent des productions stratégiques aux approvisionnements difficiles, la technologie de batterie sodium-ion imaginée par le CNRS et le CEA constitue une alternative aux batteries Li-Ion traditionnelles.

Moins coûteuses en s'appuyant sur la chimie du sodium beaucoup plus disponible et facile à obtenir, mais aussi plus durables avec une durée de vie moyenne de 10 ans contre trois à quatre ans pour des batteries Li-Ion et capables de se recharger en 5 minutes seulement, les batteries Na-Ion offrent de multiples avantages.

La batterie sodium-ion, alternative efficace au Li-Ion

Mais si ces atouts s'exprimaient dans les conditions des laboratoires, encore fallait-il les mettre à l'épreuve en conditions réelles et passer à l'étape suivante d'industrialisation.

C'est le rôle de l'entreprise Tiamat, spin-off du CNRS créée en 2017 et chargée de mettre en oeuvre la commercialisation de cette invention française protégée par des brevets, par l'intermédiaire d'une licence exclusive.

batterie sodium ion Tiamat

C'est chose faite avec une première application concrète avec un tournevis sans fil alimenté par des batteries sodium-ion et qui est commercialisé depuis ce mois d'octobre 2023 dans certains magasins Leroy Merlin.

Le président de Tiamat Hervé Beuffe indique dans un entretien que l'entreprise sera en mesure de livrer plusieurs dizaines à plusieurs centaines de milliers de cellules annuellement à partir de l'an prochain.

Des perspectives d'avenir

Tiamat prépare en effet une mise en production à grande échelle avec un premier site à partir de 2025 qui sera en capacité de fabriquer entre 500 000 et 700 000 batteries Na-Ion par jour permettant d'alimenter un véritable écosystème de produits.

De 20 personnes employées dans la startup, la mise en place d'une unité de production devrait générer un millier d'emplois, indique son président, si le financement nécessaire de 100 millions d'euros (dont 50 millions en fonds propres, souligne-t-il) est finalisé d'ici la fin de l'année.

Tiamat batterie sodium ion concept scooter

Concept de scooter alimenté par batteries sodium-ion Tiamat

Pour l'entreprise, c'est déjà un véritable défi, ses dernières levées de fonds ayant atteint 5 millions d'euros. Mais c'est un pari sur l'avenir qui pourrait changer la donne dans les secteurs de la mobilité et du stockage d'énergies renouvelables avec l'atout de recharges plus rapides et d'un cycle de vie étendu par rapport aux solutions habituelles.

L'ambition sera bien sûr de pouvoir toucher des segments capables de générer de gros volumes comme le secteur automobile, avec la difficulté de critères d'homologations plus strictes. Et déjà, Tiamat planche sur une deuxième génération de batteries sodium-ion

Source : CNRS