Le stockage des données progresse rapidement mais les supports ne résistent pas très longtemps à l'usure du temps, mettant à mal notre capacité à stocker des informations pour l'avenir.
Pour conserver de grande quantités d'informations sur le long terme, différentes techniques sont à l'étude, de la gravure dans des matériaux ultra résistants, très stables dans le temps et capables de résister à des agressions extérieures.
L'une d'entre elles est vieille comme le monde et a fait ses preuves : le stockage d'information sur des brins d'ADN. Le support de l'information du vivant fait l'objet de travaux depuis plusieurs années pour tenter d'en faire un moyen de stockage efficace.
Le stockage ADN, un support qui a fait ses preuves
Sauvegarder des alignements de nucléotides ou des bits n'est pas très différent et l'ADN a l'avantage d'offrir une grande stabilité dans le temps. On a pu en retrouver des fragments sur des tissus vieux de plusieurs centaines de milliers d'années et le record reste celui d'un mastodonte pris dans les glaces dont l'ADN remonte à plus d'un million d'années !
L'ADN a également l'avantage d'une densité de stockage très importante par rapport aux méthodes de stockage actuelles, permettant de rassembler beaucoup plus d'informations dans un même volume.
Le volume nécessaire pour stocker 1 mégaoctet avec les techniques actuelles permettrait de stocker jusqu'à 100 To d'information en utilisant l'ADN pour support de stockage, soit 100 millions de fois plus !
Plusieurs problèmes à régler
Cependant, tout n'est pas rose dans le stockage ADN. D'une part, le processus de synthèse comme de séquençage peut comporter des erreurs. C'est le principe des mutations au sein du vivant mais cela peut constituer un obstacle pour utiliser les brins d'ADN ou d'ARN comme support de stockage des données sans les corrompre.
D'autre part, les techniques de décodage de l'information enregistrée dans les brins, avec ses réactions chimiques, demande beaucoup plus de temps que le stockage magnétique standard.
Des chercheurs imaginent donc des solutions pour accélérer ces vitesses de lecture de l'information sur ADN et ceux de la firme israélienne Technion (Institut des technologies d'Israel) ont développé une technique DNAFormer qui promet d'aller beaucoup plus vite.
En s'aidant de l'intelligence artificielle pour assurer la correction d'erreur et l'intégrité des données, DNAFormer permet de décoder l'information stockée dans l'ADN 3200 fois plus rapidement que les techniques précédentes.
De la lecture sur ADN beaucoup plus rapide mais...
Technion indique également que sa technique permet d'obtenir un résultat offrant 40% plus de précision que les autres méthodes rapides de décodage d'ADN. Un ensemble de données de 100 Mo peut ainsi être décodé en 10 minutes plutôt qu'en plusieurs jours, ce qui représente une solide avancée dans l'utilisation pratique et les expérimentations à venir.
C'est encore bien insuffisant pour espérer rattraper les vitesses de transfert des solutions de stockage standard mais cela ouvre de nouvelles pistes vers des systèmes de stockage ADN plus efficaces et plus facilement accessibles, pour la recherche comme pour l'industrie.
La quête du stockage ADN se poursuit en attendant de trouver des techniques suffisamment évoluées pour en faire des solutions commerciales capables de stocker d'immenses quantités de données dans des dispositifs très compacts.