Sur la petite île de Taiwan, la production de puces électroniques et les avancées techniques pour de la gravure toujours plus fine sont érigées en stratégies nationales.

Le fondeur TSMC est le leader du marché mondial, et de loin avec 60% de part de marché, grâce à ses gros efforts d'investissement épaulés par des plans gouvernementaux stratégiques et d'importants moyens de production qui ont su attirer de très gros clients pouvant passer commande de dizaines de millions de composants.

Le gouvernement est très attaché à cette domination dans les puces électroniques qui fait de l'île un maillon essentiel dans l'industrie des semi-conducteurs et que les grandes puissances ont intérêt à protéger.

Taiwan, coincée entre grandes puissances

C'était du moins vrai avant l'arrivée de Donald Trump au pouvoir aux Etats-Unis. Dès sa campagne présidentielle, ce dernier a fait valoir que la défense militaire américaine en cas d'agression extérieure n'était pas garantie et qu'il faudrait la monnayer.

Le risque est réel avec la volonté de la Chine de réintégrer ce territoire qu'elle considère comme sien au sein d'un Grand empire chinois que Xi Jiping cherche patiemment à réinstaurer en regagnant de l'influence sur les mers et océans bordants ses côtes.

Or Donald Trump souhaite d'une part conditionner le soutien américain à un retour sur investissement monnayé et d'autre part forcer la relocalisation des moyens de production de puces aux Etats-Unis.

TSMC a donné des gages de bonne volonté en validant l'implantation de sites en Arizona et encore récemment en annonçant un gros investissement de 100 milliards de dollars pour renforcer cette implantation.

La crainte de perdre ce qui rend l'Île unique

S'il s'agit de pas contrarier l'Oncle Donald prompt à agiter la menace des hausses de taxes douanières, cette soumission à la volonté américaine commence à mal passer à Taiwan même.

Des tensions naissent à l'évocation de cet accord à 100 milliards de dollars pour obtenir une protection au risque de perdre ce qui rend Taiwan unique et précieuse.

S'il n'est pas encore question de céder sur les techniques de gravure les plus fines qui restent localisées à Taiwan, la crainte d'un transfert de technologies vers les Etats-Unis à l'occasion de contrats forcés par la menace des taxes douanières commence à faire du bruit au sein de la classe politique taiwanaise.

Et ce d'autant plus que la volonté d'investissement annoncée par TSMC ne s'accompagne d'aucune garantie militaire pour la sécurité de Taiwan. A trop céder pour éviter les pénalités des tarifs douaniers, Taiwan pourrait y perdre son âme.

Les tractations américaines pour arriver à une paix en Ukraine, à coups de menaces, de négociations de contrats juteux sur les minerais stratégiques et d'interruption de l'aide militaire ne sont pas de nature à rassurer sur la nouvelle doctrine américaine en matière d'alliance.

Pour l'heure, le gouvernement taiwanais veut rester positif et croire en le maintien d'une relation privilégiée, avec ou sans le CHIPS Act que Donald Trump souhaite aussi supprimer.

Source : CNN