Ce n'est pas vraiment une surprise mais la réaction de la Chine à l'annonce d'un nouveau paquet de restrictions commerciales imposées par les Etats-Unis concernant le marché des semi-conducteurs a été cette fois très rapide.
L'administration Biden, en fin de mandat avant l'arrivée de Donald Trump au pouvoir en janvier, a annoncé un troisième ensemble de restrictions destinées à empêcher la Chine d'accéder aux puces électroniques les plus avancées du marché ainsi qu'aux techniques de gravure les plus fines, avec des extensions jusqu'aux équipements de lithographie et à leur maintenance.
Désormais, tout ce qui comporte une puce d'origine américaine peut faire l'objet d'une interdiction d'exportation si elle sort du cadre de l'embargo imposé par les USA.
Le gouvernement va également réactiver le principe du FDPR (Foreign Direct Product Rule) qui lui permet de faire bloquer l'exportation de composants et équipements produits à l'étranger mais contenant des technologies américaines.
Les Etats-Unis ciblent la fabrication de puces mais aussi l'accès aux composants dans certains domaines comme l'intelligence artificielle et l'informatique quantique, dont les exportations vers la Chine sont toujours plus contrôlées et minimisées.
La Chine durcit ses limites d'exportation de métaux stratégiques
Si Pékin s'est longtemps contentée de protester contre des restrictions américaines jugées discriminatoires et anti-concurrentielles, elle a cette fois réagi très rapidement en annonçant un blocage de ses exportations de plusieurs métaux stratégiques.
Cela concerne le gallium et le germanium, qui faisaient déjà l'objet de limitations de leurs exportations, mais aussi les métaux dont les applications sont autant civiles que militaires.
L'antimoine et le tungstène sont ainsi particulièrement visés et la Chine justifie ses propres restrictions par une question de sécurité nationale, reprenant l'argument régulièrement utilisé par les Etats-Unis pour imposer leur embargo et notamment les diverses mesures prises depuis octobre 2022 sur les équipements et les composants.
L'Empire du Milieu prévoit également de durcir ses exportations de graphite naturel et de synthèse dont le pays avait commencé à restreindre l'accès. Il s'agit en bonne part d'un durcissement des mesures déjà prises et il ne concerne que les Etats-Unis.
Les entreprises chinoises devront se fournir localement
Gallium et germanium sont utilisés dans la fabrication de semi-conducteurs et n'ont plus fait l'objet d'exportation vers les Etats-Unis depuis plusieurs mois, tandis que les livraisons d'antimoine ont fortement reculé depuis l'annonce des premières limitations des volumes, rapporte Reuters.
L'action de la Chine a conduit le prix de ces ressources à grimper sensiblement du fait de la désorganisation des filières, de la quête de nouvelles sources d'approvisionnement mais aussi des stocks réalisés en amont de la mise en place des restrictions. Le nouveau contexte ne va pas manquer de faire encore monter les tensions entre la Chine et les Etats-Unis, avec des conséquences internationales.
Les entreprises chinoises sont désormais invitées à se fournir en composants fabriqués localement et à considérer les puces américaines comme non fiables. Il reste que la production de puces chinoise a plusieurs années de retard sur les techniques les plus avancées et qu'il n'est pas forcément facile de trouver d'équivalent aux meilleurs produits occidentaux.