La dette de SFR est toujours colossale pour Altice et Patrick Drahi s'emploie à tenter de la réduire. Mais 20 milliards d'euros ne s'effacent pas d'un coup de baguette magique et l'homme d'affaires tente d'inverser les positions de force avec les créanciers pour les forcer à faire des concessions et obtenir des conditions plus favorables.
Depuis plusieurs mois, il multiplie les manoeuvres pour les obliger à revoir leurs prétentions afin d'obtenir une réduction de la dette mais sans perdre le contrôle des actifs.
En sortant les meilleurs actifs, que restera-t-il de SFR ?
Toutefois, les résultats mitigés de l'opérateur qui perd des abonnés et doit affronter la mauvaise publicité d'une fuite de données sur ses clients, ne facilitent pas les négociations qui seraient désormais au point mort.
Patrick Drahi a placé son réseau fibre (Xp Fibre) en fiducie et laisse entendre aux créanciers qu'ils pourraient perdre le contrôle de cet actif, considéré comme l'un des fleurons de SFR, s'ils ne s'accordent pas sur ses conditions.
Face à la perspective de vider SFR de sa substance et à la perspective de se retrouver avec l'équivalent d'un opérateur mobile virtuel (MVNO) qui n'aurait plus le contrôle des réseaux physiques, les créanciers se rebiffent, même si SFR est toujours détenteur de sa licence sur les fréquences mobiles et du contrôle de son réseau mobile.
Patrick Drahi, l'art de mettre la pression mais...
C'est que Patrick Drahi a déjà organisé la vente du pôle média représenté par la galaxie BFM, cédé ses datacenters durant l'été et validé la cession de La Poste Mobile au concurrent Bouygues Telecom.
Voir s'éloigner la perspective de mettre la main sur Xp Fibre est un coup dur pour les créanciers, même avec la perspective de récupérer en contrepartie de 18% du capital de SFR.
Selon BFMTV, leur prétentions s'élèveraient plutôt au contrôle de 34% du capital et les négociations pourraient s'établir autour d'une valeur médiane de 25%, suggère BFM, à moins que de nouveaux éléments ne fassent encore pencher la balance d'un côté ou de l'autre.
Pour Patrick Drahi, habitué à contrôler intégralement ses entreprises, ce serait une concession forte après beaucoup d'efforts pour prendre le contrôle intégral, mais un mal nécessaire.
Si le milliardaire peut se permettre de bousculer les créanciers, c'est que la situation financière de l'opérateur télécom n'est pas encore catastrophique, malgré un recul de trimestre en trimestre de ses résultats. Il peut encore financer les échéances de la dette...pour le moment.