Le champ magnétique de Mars n'existe plus et la planète rouge n'est plus protégée des vents solaires et des particules très énergétiques mais sa trace persiste dans les roches de la planète, ne laissant qu'un champ rémanent généré par les roches et non par le coeur de Mars, qui s'est refroidi et figé.
Etrangement, ces manifestations imprimées dans les roches de la croûte martienne sont présentes principalement du côté de l'hémisphère sud de la planète, ce qui intrigue les scientifiques.
Ils ont bien tenté de l'expliquer par l'impact d'astéroïdes qui en auraient effacé les traces au nord, mais cette hypothèse manque de données concrètes pour la valider et d'autres pistes sont explorées.
Un champ magnétique asymmétrique, un noyau liquide
Une étude des chercheurs de l'UTIG (institut de géophysique de l'Université du Texas) en a cherché les raisons et émet plusieurs théories inédites. La première est que le champ magnétique martien n'aurait en fait existé que dans l'hémisphère sud.
Au lieu de de couvrir l'ensemble de la planète d'un bouclier protecteur, le champ magnétique martien n'aurait été actif que dans la moitié sud, créant une étonnante asymmétrie, ou dichotomie entre nord et sud de la planète.
Comment expliquer ce déséquilibre ? Là encore, les chercheurs de l'UTIG émettent une hypothèse surprenante : le coeur de Mars ne contenait pas un noyau métallique solide baignant dans une couche externe liquide permettant ses mouvements et l'effet dynamo produisant le champ magnétique, correspondant au modèle terrestre, mais il aurait été entièrement liquide ou au moins composé de matière fondue.
Des modélisations convaincantes
En explorant cette piste dans des modélisations, les chercheurs obtiennent bien la création d'un champ magnétique non uniformément réparti autour de la planète. Les résultats de l'étude ont été publiés dans Geophysical Research Letters et l'idée d'un coeur totalement liquide leur est venue quand les résultats de la mission Insight et son sismomètre SEIS (Seismic Experiment for Interior Structures) ont révélé que le coeur de la planète était composé d'éléments plus légers qu'attendu.
De là est partie l'idée d'un coeur liquide aux caractéristiques différentes du modèle terrestre utilisé jusqu'à présent. La modélisation testée à plusieurs reprises sur un supercalculateur a montré qu'avec une moitié nord un peu plus chaude que la partie sud, l'échange de chaleur du coeur tend à s'échapper par l'hémisphère sud et à générer des mouvements de convection expliquant la formation d'un champ magnétique limité à cette zone.
Le coeur de Mars s'est ensuite refroidi assez vite, annulant ses mouvements internes générateurs de l'effet dynamo et conduisant à la perte du champ magnétique ainsi que d'une bonne partie de l'atmosphère, devenue beaucoup plus ténue que celle de la Terre.
Mars, petite soeur de la Terre, aurait donc connu des mécanismes différents se déroulant en son coeur et expliquant peut-être aussi une partie de son destin tragique alors qu'elle a pu ressembler à la Terre à ses débuts avec de l'eau liquide en surface et potentiellement un début d'émergence de la vie que traquent désormais les rovers.