Plusieurs missions récentes ont visé les abords du pôle sud lunaire, avec plus ou moins de succès. Certaines se sont crashées ou sont revenues se désintégrer dans l'atmosphère terrestre, d'autres ont réussi à se poser, parfois sur la tête comme la mission japonaise SLIM.
Cette zone fait partie des sites potentiels d'alunissage de la mission Artemis 3 qui doit poser de nouveau des humains sur la surface lunaire. Elle pourrait également receler des réserves de glace d'eau dans ses grands cratères, indispensables pour les astronautes et pour générer le carburant des fusées.
Mission Chang'e-5 de collecte et retour d'échantillons lunaires sur Terre
C'est donc assez logiquement que la Chine a choisi cette région pour sa prochaine mission lunaire Chang'e-7 qui décollera en 2026. Elle visera particulièrement le cratère Shackleton, connu pour ses bords toujours illuminés et son intérieur constamment plongé dans le noir.
Préparer l'établissement d'un campement lunaire chinois
Comme Artemis, le future mission chinoise veut préparer l'établissement d'un campement lunaire ILRS (International Lunar Research Base) qu'elle anticipe dès la prochaine décennie, après avoir fait alunir les premiers astronautes chinois de l'Histoire.
Chang'e-7 devra récolter de précieuses données en préparation de ces objectifs plus lointains et mener certaines expérimentations devant valider des technologies utilisables sur la Lune.
Mission Chang'e-4 sur la face cachée de la Lune
Elle sera composée d'un alunisseur, d'un rover et d'un drone volant pour explorer les abords du point de chute et examiner les ressources disponibles à proximité. La mission Chang'e-8 de 2028 devra quant à elle tester des techniques de construction à partir du régolithe lunaire.
Il s'agira également de commencer à tester un système de communication à l'aide du satellite-relais Queqiao-2, successeur du satellite qui avait permis une communication avec un rover chinois posé sur la face cachée de la Lune.
Mission scientifique mais pas seulement
Dans un article repéré par Spacenews, les scientifiques chinois évoquent les objectifs scientifiques de la mission Chang'e-7, à savoir tenter de détecter de la glace d'eau lunaire et d'éventuels composants volatils, tout en continuant de caractériser la surface et d'amasser des connaissances grâce à de multiples instruments embarqués : magnétomètre, sismomètre, radar à pénétration de sol, spectromètre...
L'obtention de données sismiques aura une importance particulière, comme ont tenté de le démontrer des scientifiques en évoquant les risques de mouvements de terrain et d'éboulements au pôle sud sous l'effet de la rétractation de la Lune se refroidissant peu à peu.
Les Etats-Unis et la Chine mènent une course aux missions lunaires qui n'est pas qu'une simple rivalité technologique ou symbolique. Les ressources lunaires intéressent les deux camps et l'exploitation de certains composants, comme de l'Helium-3, utilisable dans des centrales à fusion nucléaire, pourraient donner un avantage décisif à l'un ou autre pays.
La NASA a plusieurs fois évoqué la crainte de voir la Chine tenter de s'approprier des portions de territoire lunaire, au mépris des règles internationales. On peut penser que le pôle sud pourrait vite devenir une zone à enjeux sélénostratégiques.