Le TOP500 des supercalculateurs comprend depuis peu le premier système exascale certifié avec Frontier, installé à Oak Ridge. S'il est encore le seul à montrer ses muscles, la Chine aurait déjà plusieurs supercalculateurs exascale en service mais dont presque rien n'est connu, faute de diffusion de données publiques.
Etant donné l'importance stratégique de ces dispositifs pour la recherche tant civile que militaire, l'Europe veut aussi passer à l'exascale mais si possible en passant par ses propres composants.
Le troisième supercalculateur mondial est LUMI, déployé en Finlande et capable d'une puissance de traitement de plus de 150 petaflops, ce qui reste loin des 1100 petaflops de Frontier.
Pour atteindre le palier de l'exascale, l'Europe mise sur JUPITER (Joint Undertaking Pioneer for Innovative and Transformative Exascale Research), un supercalculateur qui sera installé en Allemagne, au sein du centre Forschungszentrum Jülich qui exploite déjà les supercalculateurs JUWELS et JURECA.
Sous l'égide du consortium EuroHPC, l'Union européenne compte allouer 500 millions d'euros pour installer le géant qui sera opérationnel d'ici 2024 avec un champ d'action dans la modélisation climatique, l'ingéniere, les modélisations biologiques et la recherche autour des énergies renouvelables.
Une configuration matérielle encore mystérieuse
Le détail du hardware n'est pas connu. Si LUMI utilise comme Frontier des processeurs Epyc et des accélérateurs MI250X fournis par AMD, la configuration de JUPITER pourrait reprendre une partie de ces éléments mais aussi faire de la place pour des composants purement européens.
L'entreprise SiPearl développe des processeurs Rhea et Cronos sur des architectures ARM et RISC-V qui pourront trouver place dans des supercalculateurs européens en misant sur leur efficience énergétique.
Elle a annoncé il y a quelques mois un partenariat avec Intel pour associer des accélérateurs Ponte Vecchio (avec architecture Xe-HPC) et constituer ainsi des unités fonctionnelles.
Ce serait évidemment une belle vitrine pour les technologies européennes avec le souci de limiter la consommation d'énergie. JUPITER devrait ainsi consommer 15 MW quand Frontier demande 19 MW, tandis que Fugaku, ex-leader du Top500 avec ses 440 petaflops, absorbe 29 MW.
En attendant d'en savoir plus, le système européen s'appuiera sur une structure modulaire composée d'une configuration de base sur laquelle pourront être greffés des modules supplémentaires.
On trouve ainsi un " module quantique " et un module utilisant des " technologies spécifiques européennes " dans le projet général qui seront ajoutés progressivement.