En difficulté sur la gravure en 10 nm, qui est encore loin de remplacer la gravure en 14 nm toujours majoritaire, le groupe Intel prépare la gravure en 7 nm sur un rythme volontairement rapide.
Cette technique avancée a fait l'objet de travaux en même temps que la gravure en 10 nm et est censée se substituer assez vite à elle à partir de fin 2021. L'annonce des résultats financiers pour le deuxième trimestre de l'année sont plutôt satisfaisants mais les investisseurs n'ont pas mis longtemps à prendre note d'une discrète annonce : la gravure en 7 nm ne sera finalement pas disponible avant 2022, voire 2023.
Ce changement de discours a créé un effet de fond sur les cours en Bourse de différents acteurs. Pendant qu'Intel a vu son cours reculer plus de 16% à la suite de la diffusion de cette information, les cours de son concurrent AMD mais aussi du fondeur taiwanais TSMC ont gagné au contraire plus de 10%.
La roadmap initiale d'Intel prévoyait le 7 nm en 2021
Pour AMD, c'est une quasi-assurance de pouvoir continuer de profiter de la fenêtre ouverte avec le retard de la gravure en 10 nm d'Intel et qui lui permet de prendre rapidement des parts de marché avec ses gammes de processeurs Ryzen et Ryzen Threadripper (et leurs versions Pro) côté grand public, et Epyc pour les processeurs pour serveurs.
Le groupe va pouvoir dérouler ses roadmaps sans crainte d'une forte résistance de la part d'Intel, toujours obligé de s'appuyer sur la gravure en 14 nm (qui a de moins en moins de marge d'évolution) et dans une moindre mesure sur sa gravure en 10 nm.
De son côté, TSMC est assuré de pouvoir continuer à faire tourner ses capacités de production en 7 nm à plein régime pendant une période étendue. Certains observateurs estimaient qu'Intel pourrait proposer ses propres techniques de gravure en 7 nm à des entreprises tierces pour se refaire une santé après les difficultés de migration vers le 10 nm, mais cette opportunité est en train de s'évanouir et laisse un boulevard pour TSMC, et dans une moindre mesure Samsung SDI, la branche semiconducteurs du groupe coréen.
Il se murmure aussi qu'Intel pourrait sous-traiter une partie de sa propre production de processeurs à TSMC, profitant de ses techniques de gravure en 7 nm. Cela constituerait un changement radical de stratégie pour l'une des dernières entreprises jouant le double rôle de concepteur de puces et de fondeur.
Accueillir Intel parmi ses clients serait évidemment une énorme aubaine pour le fondeur taiwanais et la démonstration éclatante de la qualité de ses techniques de gravure, d'où l'excitation des investisseurs.