Depuis quelques semaines, le prestataire DHL expérimente la livraison par Drone en Allemagne dans des cas bien particuliers ( principalement pour répondre aux besoins d'une communauté insulaire), mais il ne faudra pas trop espérer voir l'expérience se reproduire en France.
Le député Thierry Lazaro a ainsi récemment écrit au ministre de la Défense, afin de savoir quelle était la position du gouvernement face aux vols commerciaux de ces drones volants, tout en partageant quelques inquiétudes concernant les " dangers que peuvent représenter le survol d'un territoire national par des drones, notamment en raison de leur utilisation potentielle par des organisations terroristes."
Une question qui n'est pas restée sans réponse : " Dans cette hypothèse, le département ministériel ne pourrait que rendre un avis défavorable à l'égard d'une demande de cette nature ", faisant rapport au fait qu'il faudrait non seulement établir une demande d'autorisation auprès de la direction générale de l'aviation civile dans le cadre de la livraison à but commercial, et obtenir l'aval du ministère de la Défense.
Le ministre de la Défense poursuit : " Les garanties en matière de sécurité aérienne ne seraient par hypothèse pas suffisante au regard notamment des conditions d'utilisation des aéronefs militaires et des aéronefs d'État qui peuvent être amenés à évoluer à basse altitude au titre des missions militaires ou de service public, d'assistance ou de sauvegarde des personnes qu'ils accomplissent."
"Des drones commerciaux, tels que ceux que projette d'utiliser la société 'Amazon.com', partageraient alors le même espace aérien que les aéronefs utilisés par les services d'État et ne pourraient respecter le principe 'voir et éviter' qui constitue une règle fondamentale de prévention des accidents entre aéronefs. Les risques de collision pour ces aéronefs seraient donc accrus, d'autant plus qu'aucun système, embarqué ou non, n'est en mesure aujourd'hui de les réduire."
La Défense affiche ainsi un avis catégorique sur la situation, et il semble improbable qu'une quelconque société de transport puisse proposer un service de livraison par drone volant dans ces conditions... Et la situation ne devrait pas changer, quand on se souviendra l'annonce de Bernard Cazeneuve concernant l'équipement prochain en drones volants des services de police et gendarmerie.
Reste à savoir si les différentes instances ministérielles n'entreront pas en conflit prochainement. Le secrétaire d'État en charge des Transports avait ainsi évoqué quelques assouplissements à venir pour l'usage commercial de drones le mois dernier, il indiquait ainsi que le gouvernement allait " faire évoluer les règles pour accompagner les initiatives et les ambitions des usages des drones. L'avenir se prépare déjà avec des réflexions sur l'intégration des drones dans la circulation aérienne générale sans limitation de masse ou de vitesse, et les exigences de sécurité pourraient être comparables à celles appliquées aux avions et hélicoptères."
Les débats n'en sont donc qu'aux débuts, et les discussions s'annoncent déjà houleuses.