Le bastion du roaming est en train de céder sous la pression de la commissaire européenne Neelie Kroes qui ne se prive pas pour en rappeler le fonctionnement aberrant et au final contre-productif, même pour les opérateurs qui en défendent la manne.
Alors que l'itinérance dans la zone Europe commence à être doucement intégrée dans les forfaits mobiles, abolissant les surcoûts et ramenant les frais sur ceux des communications nationales, la commissaire européenne travaille sur des réglementations qui permettraient d'annuler les surcoûts d'ici 2016.
Les documents de la commission de l'industrie du Parlement européen, qui étudie des prospositions, suggèrent d'aller encore plus vite et de mettre fin aux surcoûts de façon effective dès le 15 décembre 2015, rapporte l'agence Reuters qui y a eu accès.
Les parlementaires seraient prêts à aller relativement vite sur ce dossier et à obliger les opérateurs à aligner les coûts de l'itinérance sur les coûts des communications nationales, qui concerneraient aussi bien les appels voix que les SMS et les données, selon un calendrier plus serré que celui envisagé par Neelie Kroes.
En revanche, les parlementaires resteraient très à cheval sur la notion de Neutralité du Net et ne veulent pas voir l'accès à certains services optimisé (moyennant finances) au détriment d'autres. Pas question de voir des alliances se former entre opérateurs télécoms et acteurs OTT (Over The Top : Google, Amazon, Apple...) pour favoriser les débits concernant leurs services.
La crainte de voir émerger un Internet à deux vitesses, où seuls les grands groupes capables d'y mettre le prix auraient des débits privilégiés, reste plus forte que les appels de l'industrie faisant face à des problématiques de prioritisation de flux, notamment vis à vis de la vidéo, très gourmande en bande passante.
" Le principe voulant que tous les types de trafic Internet soient traités de la même façon n'est plus adéquat avec la façon dont Internet fonctionne aujourd'hui, à l'heure où les différents types de trafic ont des besoins différents et ont besoin d'être gérés efficacement ", fait valoir Luigi Gambardella, responsable de l'ETNO, association industrielle regroupant plusieurs grands opérateurs télécom européens.
Mais il ne s'agit encore que de propositions qui doivent être votées puis validées par les Etats membres avant d'avoir une concrétisation éventuelle, note Reuters.