Ce n'est un secret pour personne : le lanceur Ariane 6 a accumulé autant de retard que son budget a explosé au fil des dernières années, si bien que depuis le 117e vol d'Ariane 5 intervenu le 6 juillet dernier, l'Europe est désormais dépendante d'autres prestataires de vol spatiaux pour la mise en orbite ou l'accès à l'espace.

Une situation délicate pour Arianespace, mais plus globalement pour les projets de l'ESA et de l'Europe : pour continuer d'alimenter le réseau de satellites Galileo (le GPS européen), il est désormais envisagé de faire appel à SpaceX et ses lanceurs Falcon.

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Le projet Ariane 6, pourtant lancé dans les temps, a accumulé les retards du fait de plusieurs facteurs. Décidée dès le départ comme une fusée réutilisable, le projet a également été couvert d'une absolue confidentialité technologique. Pour garantir que les innovations développées au sein du lanceur restent cloisonnées, il a ainsi été décidé de ne confier son développement qu'à un acteur unique : ArianeGroup. Un choix qui se paie aujourd'hui puisque le groupe fait face à une charge de travail colossal et accuse une multiplication des retards.

Néanmoins, la fin du tunnel est proche puisque le programme se félicite de deux succès majeurs récents .

Un premier test réussi en Allemagne

Ariane 6 Allemagne

Un premier test a ainsi été validé en Allemagne : le CNES et l'agence spatiale allemande ont ainsi procédé à des simulations de vol orbital avec l'étage supérieur d'Ariane 6. Baptisé ULPM, le module a réussi à mettre à feu son moteur Vinci et tenu une poussée pendant plus de 11 minutes sans aucun problème. Ce moteur-fusée est unique au monde, il s'agit d'un moteur cryotechnique d'une poussée de 180 kN disposant d'une ligne hydrogène haute vitesse.
Un nouveau test de validation sera reproduit d'ici quelques semaines, il sera cette fois question d'une simulation en conditions dégradées.

Suivi d'un autre succès en Guyane

En marge des tests menés outre-Rhin, Arianespace enregistre également un succès outre-Atlantique, sur le site historique de Kourou en Guyane française.

Après plusieurs reports de procédure, le Centre Spatial Guyanais a pu mener à bien les simulations de lancement d'Ariane 6. Il était ainsi question de réaliser une simulation complète de compte à rebours avec mise à feu des moteurs principaux.

C'est ainsi que tout le déroulé du lancement est allé jusqu'au top fatidique, entrainant l'allumage du moteur principal Vulcain 2.1. Lors du test, la fusée n'a pas décollé, mais son moteur a été maintenu allumé pendant 4 secondes.

Ariane 6 Kourou

Aucun incident n'a eu lieu pendant l'intégralité de la simulation du lancement, aucun paramètre défaillant n'a été noté et, si cela n'avait pas été une simulation, la fusée aurait théoriquement pu prendre son envol à la fin du compte à rebours.

Il aura fallu quatre tentatives au fil des derniers mois pour arriver jusqu'à l'allumage du moteur principal. Cette fois la procédure de mise à feu a été validée et le succès est multiple puisque cela concerne à la fois les procédures de lancement, le lanceur et ses instruments ainsi que l'ensemble des infrastructures du pas de tir.

Des succès, mais encore beaucoup de travail

Ces différents succès sont rassurants et encourageants pour la suite du programme Ariane 6. Il reste néanmoins un long chemin avant que la fusée ne soit à même de se positionner sur son pas de tir pour un lancement vers l'espace. Prochain marqueur important dans cette course à l'espace : le 3 octobre et un nouveau compte à rebours impliquant l'allumage de l'étage principal pour une simulation de l'intégralité d'un vol orbital, soit une durée de 8 minutes. Ce test capital permettra de déterminer ou pas la date du vol inaugural d'Ariane 6 qui, dans tous les cas, n'interviendra pas avant 2024.