Avec plusieurs années de retard, le vol inaugural d'Ariane 6 est prévu le 9 juillet prochain depuis le Port spatial de l'Europe en Guyane française. C'est dans ce contexte que le carnet de commandes bien rempli du nouveau lanceur lourd européen connaît un désistement assez inattendu.
Organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques, Eumetsat a finalement décidé d'annuler le lancement de son satellite MTG-S1 qui devait être du voyage pour le troisième vol d'Ariane 6 début 2025. Un désistement au profit d'une fusée Falcon 9 de l'américain SpaceX.
Le contrat entre Eumetsat et Arianespace avait été officialisé en mars 2021. Il portait sur le lancement de deux satellites MTG (Meteosat Troisième Génération) avec Ariane 6. Initialement, il était prévu de placer sur orbite géostationnaire le sondeur MTG-S1 au premier semestre 2024 et l'imageur MTG-I2 à partir du second semestre 2025.
Le patron du Cnes s'insurge
Dévoilée par Le Monde, l'annulation est un coup dur à encaisser avec l'ambition d'un retour d'un accès indépendant à l'espace pour l'Europe, d'autant que ce coup est porté par une organisation européenne.
Président et patron du Cnes (Centre national d'études spatiales), Philippe Baptiste ne cache pas sa grande déception pour l'Europe spatiale et son incrédulité.
" Les conditions techniques étaient réunies pour un lancement sur Ariane 6 et le lanceur était bien disponible. J'attends avec impatience de comprendre les raisons qui ont pu conduire Eumetsat à une telle décision, alors que tous les grands pays européens de l'espace ainsi que la Commission européenne appellent au lancement de satellites européens sur des lanceurs européens ! "
Quelques éléments de réponse ?
Avec pour charge utile d'une masse d'environ 800 kg des CubeSats et deux capsules de rentrée, le vol inaugural d'Ariane 6 va se faire dans sa version équipée de deux boosters (Ariane 62) pour un déploiement sur une orbite héliosynchrone.
Visant une orbite de transfert géostationnaire, le lancement du satellite MTG-S1 d'Eumetsat d'une masse de 3,8 tonnes aurait dû se faire avec la version d'Ariane 6 équipée de quatre boosters (Ariane 64).
Il n'est pas clair si la différence entre les deux versions d'Ariane 6 et la disponibilité effective a pu jouer dans le renoncement d'Eumetsat qui pourrait s'impatienter. En espérant que son désistement ne fasse pas effet boule de neige… Le retard accumulé par Ariane 6 pourrait être un boulet à traîner.
N.B. : Source images (Ariane 6 ; répétition générale) : ESA - Cnes - ArianeGroup Arianespace.