Au mois d'avril dernier et après une enquête de plusieurs années, la Commission européenne a finalement adressé à Google une communication de griefs. Dans celle-ci, il est reproché à Google d'abuser de sa position dominante et de pratiques anticoncurrentielles avec son service de comparaison de prix intégré à son moteur de recherche.
Ce service de comparaison de prix (Shopping) serait injustement favorisé par rapport aux services concurrents en bénéficiant d'une mise en évidence " systématique dans les résultats de recherche générale ". Qui plus est, les consommateurs " ne verraient pas nécessairement les résultats de comparaison de prix les plus pertinents. "
Google avait jusqu'au 31 août pour répondre aux accusations. Dans un billet de blog intitulé " Améliorer la qualité n'est pas anti-concurrentiel ", Kent Walker, vice-président et directeur juridique de Google, résume la teneur de cette réponse. Pour la firme de Mountain View, dont le moteur de recherche a une part de marché de plus de 90 % en Europe, les allégations de Bruxelles sont " incorrectes ".
Au contraire, il écrit que Google offre davantage de choix pour les consommateurs européens et " des opportunités commerciales pour les entreprises de toutes tailles ". Au cours de la dernière décennie, Google dit avoir offert plus de 20 milliards de clics gratuits aux agrégateurs de contenus et fait augmenter le trafic gratuit de 227 % pour les entreprises citées par la Commission européenne.
Sans surprise, Google appuie sur son argument favori et grand public, à savoir que ses algorithmes de recherche sont voulus pour " maximiser la pertinence " auprès des utilisateurs, ainsi que pour " les annonces (publicités) les plus utiles en fonction de n'importe quelle requête ".
Le géant américain paraît sûr de son fait et semble penser que ses analyses de trafic suffiront à réfuter les accusations de la Commission européenne. " Nous avons hâte de discuter de notre réponse avec la Commission ". C'est sûr que dans le cadre de cette procédure européenne au long cours (déjà cinq ans !), Google a manqué de temps pour le faire…
La Commission européenne va examiner la réponse de Google et lui permettre son droit à la défense avec une audition. Ce n'est qu'après qu'une décision finale pourra être prise. Dans cette affaire, le moteur de recherche risque une amende pouvant aller jusqu'à 10 % de son chiffre d'affaires mondial. Une ardoise de près de 6 milliards d'euros.
Rappelons par ailleurs que la Commission européenne enquête sur d'autres activités de Google, dont le système d'exploitation mobile Android en raison de la pré-installation d'applications et services Google sur des appareils.