C'est toujours un plaisir Mlle Brea
The 3rd Birthday démarre sur un soulagement. L'action de ce titre débute en effet le 24 décembre 2012, soit trois jours après la fin du monde prédite par la civilisation maya. Mais en échappant à un désastre, il arrive qu'on en attire malheureusement un autre dans la foulée, et cela, Aya Brea ne le sait que trop bien. Après avoir déjoué en 1997 les plans de la créature mitochondriale Eve, et goûté ensuite à un répit de quelques années, elle a dû une nouvelle fois en 2000 se retrousser les manches pour anéantir une bonne fois pour toute cette menace cellulaire.
Lors de cette fameuse veille de Noël, les "Twisted" font leur apparition dans la ville de New York. Ne partageant apparemment aucun lien avec les évènements passés, ces monstres aux formes difficilement définissables ravagent la mégapole en usant d'une rare violence. Pour les combattre, le gouvernement (américain ?) choisit de créer la CTI, acronyme de Counter Twisted Investigation team. Aya Brea rejoint l'équipe, mais souffre étrangement d'amnésie. Nous retrouvons donc cette pauvre jeune femme désorientée et fragilisée par rapport à Parasite Eve 1 & 2, mais c'est pourtant elle qu'on enverra annihiler les Twisted. Parce que la galanterie, ça a visiblement déjà été fait.
Aya Brea est probablement la création féminine la plus aboutie de Tetsuya Nomura. On se délecte de chacune de ses apparitions dans les cinématiques de The 3rd Birthday.
Aya devra, pour chacune de ses missions, prendre place dans une machine mise au point par la CTI et qui permet à son utilisateur de voyager dans le passé. Comble du hasard, notre blonde sexy est le seul membre du CTI à être "compatible" avec le programme, et donc à pouvoir "corriger" les erreurs commises en des temps anciens. Pour les raisons citées plus haut, Aya Brea n'apparaît pas comme une femme forte dans The 3rd Birthday, mais fait plutôt figure de petit oiseau égaré qui semble constamment chercher des réponses à des questions que tout être sain d'esprit ne se poserait normalement pas. Cette vulnérabilité met cependant fort bien en avant son charme, tout en retenue et tranchant avec les tenues parfois affriolantes qu'elle enfilera au fil de l'aventure.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, laissons-nous aspirer quelques instants dans une atmosphère un brin érotique pour aborder le sujet du fan service dans The 3rd Birthday, car il existe bel et bien. D'abord à travers les différents costumes disponibles pour la belle (soubrette, secrétaire, mère Noël... ne manquerait plus qu'une tenue d'infirmière pour faire le tour des fantasmes vestimentaires les plus répandus), ensuite par les coups encaissés par l'ennemi, qui dégraderont les habits d'Aya au point de la mettre dans les meilleures disposition possibles pour espérer une couverture de Newlook (en parlant de couverture, celle de la notice est également bien éloquente). Admirer un morceau de la fesse gauche d'Aya aura cependant un prix puisque plus ses vêtements seront détériorés, et plus votre défense faiblira. Mateur inconscient ou joueur pro, il faudra choisir sa classe.
Combats dynamiques, caméra diabolique
Depuis le temps de son annonce, nous sommes parvenus à nous faire à l'idée que The 3rd Birthday n'est finalement pas un Parasite Eve "traditionnel". Bien que, constat paradoxal, le premier volet était un RPG avec des combats en semi temps réel (à la manière de Vagrant Story) tandis que le second lorgnait sérieusement du côté des premiers Resident Evil, en conservant néanmoins quelques éléments propres au jeu de rôle nippon. The 3rd Birthday est donc un shooter-RPG dans la veine du mal-aimé Dirge of Cerberus. Comme dans le spin-off de Final Fantasy VII mettant en scène Vincent Valentine, l'auto-lock est ici activé, mais Square Enix n'a pas cherché à aller plus loin pour doter ce titre PSP d'une excellente ergonomie.
Mis à part dans les CG, chaque modification vestimentaire que vous effectuerez sur la tenue d'Aya sera visible en cours de jeu.
En se rendant pour la première fois dans le menu des options, on se rendra compte qu'il est impossible de configurer totalement les touches de sa PSP, et ce afin d'obtenir une maniabilité personnalisée et donc logiquement plus agréable que celle proposée de base. Le principal reproche que l'on formulera à ce niveau concerne l'attribution des mouvements de la focale aux touches directionnelles. Le jeu vous donne le choix parmi trois types de jouabilité, mais aucun n'a été pensé pour placer les mouvements de la caméra sur (par exemple) les boutons Carré, Triangle, Rond et Croix, à l'instar de Metal Gear Solid : Peace Walker. L'expérience de jeu y aurait tellement gagné... Alors imaginez-vous maintenant à diriger Aya avec le stick analogique tout en manipulant les angles de vue avec le même doigt (soit le pouce), et vous comprendrez l'étendue des dégâts, d'autant plus que la caméra ne se débrouille pas très bien toute seule pour cadrer efficacement l'action. Une nouvelle vue (de dos) sera disponible une fois que vous aurez terminé le jeu une première fois, triste d'avoir eu à attendre si longtemps avant d'en profiter.
Pourquoi tant se plaindre de la caméra ? Tout simplement car les combats de The 3rd Birthday ne se remporteront pas en sélectionnant des actions dans des menus, mais bien agissant en temps réel. Les affrontements seraient géniaux si nous n'avions pas à recalibrer nous-mêmes la caméra pour qu'elle fasse son job. La touche L permet de se réorienter par rapport à l'ennemi, ce qui règle en partie le problème, sauf que certaines armes doivent être manuellement dirigées vers les cibles via la caméra. Et c'est affreux lorsqu'on a un lance-missiles entre les mains. Entourés de deux ou trois ennemis, vous oublierez très vite la possibilité de recadrer la vue (vous n'êtes pas un poulpe) pour privilégier la technique du "je fais des roulades dans tous les sens dans l'espoir de regagner un peu d'air". Vous souffrirez particulièrement de ce souci lors des apparitions du Reaper, monstre invincible qu'il sera donc nécessaire de fuir, sans compter que le bougre aime se téléporter. N'abandonnez pas, le jeu en vaut la chandelle.
C'est beau (envoyez vos idées de commentaires à la rédac' chef).
Aya pourra porter trois armes + une, y compris un revolver aux munitions illimitées dont elle ne pourra se séparer. Vous pourrez néanmoins gérer les deux slots restants comme bon vous semble, même si vous serez contraints à vous servir des mêmes armes durant les premières heures de jeu. Quid du "+ une" ? Cet emplacement accueillera l'arme d'un soldat que vous aura préalablement "possédé" grâce à l'Overdive. Explication : en appuyant sur le bouton Triangle à proximité de soldats, vous pourrez sélectionner celui de votre choix (si choix il y a) pour échanger votre place avec la sienne, et par conséquent bénéficier de sa jauge de vie ainsi que de son arme. L'Overdive sera très utile pour échapper à la mort (et envoyer un brave militaire au casse-pipe par la même occasion, vive le sentiment de culpabilité !), mais vous permettra aussi d'encercler virtuellement l'ennemi si la troupe qui vous accompagne est bien répartie sur le terrain. Si un boss présente un point faible difficilement accessible, n'hésitez pas à utiliser l'Overdive sur un soldat idéalement placé pour contribuer à la déliquescence de votre adversaire.
Tripatouillage d'ADN
Les soldats ne représenteront pas uniquement un réceptacle de secours pour Aya, car s'ils ciblent le même ennemi qu'elle et se trouvent derrière une barricade, il vous suffira d'appuyer une première fois sur L (et de maintenir la touche) pour remplir une jauge de coopération et une seconde pour lancer un tir croisé. Ce dernier aboutira d'ailleurs souvent à un Overdive Kill (s'enclenchant via une pression de la touche Triangle lorsque l'ennemi est en position de faiblesse et qui lui retirera beaucoup de points de vie). Mais déplorons aussi l'IA aléatoire de vos alliés qui tantôt vous accompagneront sans que vous ayez à vous rapprocher d'eux, tantôt ne bougeront pas d'un iota même si vous les percutez. Quand ce dernier cas de figure se présente, nous vous conseillons donc d'"overdiver" dans le corps du soldat immobile pour l'amener là où vous le désirez.
Les menus ne sont pas très beaux. Heureusement qu'on les comprend vite.
Plus Aya fera de dégâts dans le camp adverse, et plus sa jauge de "Liberation" se remplira (référence à son attaque ultime dans le premier Parasite Eve). En appuyant conjointement sur Triangle et Rond une fois la barre complétée, elle deviendra temporairement invincible, esquivera les attaques et provoquera des Overdive Kill plus rapidement. Et au vu de la difficulté du jeu, on fera dès que possible appel à cette capacité. Dans The 3rd Birthday, on ne ramassera que des munitions, et pour récupérer de la vie, vous devrez rester figée. Après une dure bataille, pensez à regarder l'état de vos compagnons pour aller "overdiver" (argh) dans le corps de celui ou ceux ayant été sévèrement touché(s). Ils regagneront ainsi des forces en un temps record, surtout si vous avez fait les bons assemblages dans la matrice ADN.
Des combats épiques je vous dis.
En exécutant l'Overdive ou bien des Overdive Kill, vous obtiendrez des puces OE (pour Over Energy) de différents types : normal, rare ou évolutif. Dans un menu dédié, vous vous trouverez devant une grille de 3x3 cases dans lesquelles vous pourrez placer des puces OE qui s'occuperont de forger la force et la résistance d'Aya. En sachant que des puces contenant la même compétence gagneront en puissance si vous les placez l'une à côté de l'autre, et qu'il n'est malheureusement pas possible de modifier la position de vos plaquettes de puces (horizontale ou verticale). Pour vous donner quelques exemples, il existe des puces qui augmenteront votre défense, tandis que d'autres se chargeront de redonner de la vie aux soldats prenant part à des tirs croisés (ou Crossfire). Certaines ne naîtront qu'en faisant les mélanges adéquats, qui ne se produiront pas forcément du premier coup. Avant de valider votre choix sur le placement d'une plaquette sur la grille, on vous montrera le résultat en vous invitant à appuyer éventuellement sur Carré pour recommencer la manœuvre et peut-être assister à une finalité différente. Avec des plaquettes comportant des puces malus dont on ne voudra surtout pas qu'elles contaminent la matrice, autant vous dire que la fonction "reset" de cette étape sera très souvent sollicitée. Plus tard, vous accéderez à de nouvelles grilles, mais, revers de la médaille, vous ne pourrez vous en équiper que d'une à la fois.
Here and everywhere
La customisation des armes est toujours de la partie, sous une forme un peu plus classique toutefois car les améliorations pour vos joujoux s'achèteront grâce aux BP que vous récolterez à chaque combat. Il faudra également passer par les Bounty Points pour acquérir de nouvelles armes. Pour que celles-ci apparaissent dans le magasin, il sera cependant nécessaire de remplir certaines conditions auparavant, comme utiliser l'Overdive sur un soldat spécifique par exemple. Les armes de poing seront réservées aux affrontements à moyenne distance, tandis que le fusil d'assaut vous permettra d'attaquer de loin (le fusil à pompe, quant à lui, vous rendra service seulement si vous vous rapprochez de votre cible, un risque qu'on osera rarement prendre à l'article de la mort). Restent le fusil sniper et le lance-missile/grenade, efficaces respectivement contre les ennemis éloignés et imposants, mais que vous aurez à manier avec précaution pour ne pas gaspiller de munitions.
On a retrouvé Jean-Louis Borloo !
La progression est découpée en missions que vous lancerez quand vous le désirerez dans les locaux de la CTI, majoritairement occupés par Hyde Bohr, chef de l'unité d'investigation Overdive et Blank, chef de la division technique. Personne cependant pour vous donner la raison pour laquelle Aya est enfermée dans une cellule d'où elle ne sortira que pour partir bosser. Le pire, c'est qu'elle ne bronchera pas une seconde sur son sort. Elle pourrait pourtant se plaindre d'évoluer dans des environnements fermés où les ennemis ont tôt fait de lui retirer toute tentative de fuite, et que la douche ne lui soit ouverte que dans certaines circonstances.
Le fusil sniper, l'arme favorite du fourbe qui ne veut pas respirer l'air de sa victime.
En raison d'un NDA imposé par Square Enix, nous sommes dans l'impossibilité de vous révéler des éléments scénaristiques intervenant au-delà des premiers chapitres. Le gros des protagonistes du jeu apparaissant toutefois rapidement, vous pourrez juger de leur charisme sans trop attendre, et ainsi détester Kyle Madigan dès qu'il montrera le bout de son nez. Pourquoi ? Peut-être parce que cet agent du gouvernement US nous nargue de sa relation avec Aya, parce que son accoutrement nous laisse croire qu'il a été refoulé à la toute dernière minute du casting d'un épisode de Kingdom Hearts, parce que sa voix ne colle pas du tout à son physique. Mais ce n'est pas bien grave, car Kunihiko Maeda apparaît bien plus inquiétant avec sa fascination pour le moins visible et maladive d'Aya (mon précieux spécimen...). Ce n'est qu'en visionnant le générique de fin tout en réprimant un bâillement que l'on apprendra que le scénario est signé Motomu Toriyama. Pour rappel, c'est aussi à lui que l'on doit celui de Final Fantasy XIII. Au vu du résultat (mitigé), on aurait préféré que Takashi Tokita (scénariste de Parasite Eve) se charge de cette tâche. La narration de The 3rd Birthday accumulant les allers-retours répétés entre le passé et le présent, elle en deviendra rapidement floue pour le joueur pas concentré. Le procédé se montre malgré cela intéressant. Et des incohérences semblent malheureusement être de la partie, surtout vers la fin (à laquelle on reprochera peut-être d'être un peu trop gnan-gnan).
Galerie d'images (1)
Galerie d'images (2)
Un anniversaire mémorable ?
Au niveau graphisme, on tutoie encore une fois un rendu PS2 et les cinématiques (en CG ou utilisant le moteur du jeu) sauront vous en mettre plein la vue. Rien de neuf pour un titre de ce calibre signé Square Enix mais on est tout de même bien content que cette tradition soit respectée ici. Après coup, il vous apparaîtra aussi avec regret que les décors restent un peu toujours dans le même ton. L'aspect musical est de même très satisfaisant avec la paire Shimomura-Suzuki qui nous fait grâce d'une très bonne prestation. Par moments, on se rapprochera même d'une ambiance à la FFXIII (pas étonnant quand on sait que Mitsuto Sukuzi a participé à l'écriture de sa soundtrack). Les reprises sont de très bon goût et celle du fantastique battle theme du premier Parasite Eve, bien que finalement très proche de l'original, sera à même de vous procurer des frissons. Il sera légitime de déplorer qu'on ne l'entende que si peu dans le jeu. Un mot pour finir sur la chanson qui clôt le jeu : insipide.
The 3rd Birthday est le premier jeu dans lequel vos oreilles pourront se délecter de la voix d'Aya Brea, étant celle de l'actrice australienne Yvonne Strahovski que vous connaissez forcément si vous êtes fan de la série Chuck. L'assemblage des cordes vocales d'Yvonne et de la frimousse d'Aya fonctionne plutôt bien, mais il ne faudrait pas exagérer. Notre agent ne pourra en effet pas s'empêcher de pousser une sorte de gémissement à chaque fois qu'on lui demandera de commenter ce qui se trouve à son contact. Tant que nous y sommes, la voix du boss Owen est assez irritante. Heureusement que, euh... hum, je n'ai rien dit.
Pas ultime mais définitivement indispensable pour les amoureux d'Aya, The 3rd Birthday est un bon produit souffrant néanmoins de quelques défauts vraiment dérangeants. Le plaisir de manier la belle ne sera pas suffisant pour les joueurs exigeants, même si avec un peu d'acharnement, on arrivera à apprécier ces coupes-faim appelés "missions" grâce au rythme effréné des combats et au principe de l'Overdive, mais certainement pas à l'aide de cette caméra trop peu dynamique. Le dénouement de l'aventure qui se montrera très vite accentuera cette impression de gâchis, et si vous souhaitez prolonger votre love story avec l'agent Brea, vous aurez la possibilité d'entamer une seconde partie qui sera consacrée à l'évolution de vos armes, à l'obtention de nouvelles puces OE ainsi qu'à une nouvelle analyse du scénario, normalement plus complète. Pour finir sur une allégorie, nous dirons que le gâteau d'anniversaire était bon et qu'il nous a plu de déguster quelques framboises habilement dissimulées à l'intérieur, mais Aya méritait sans doute l'excellence gustative.
The 3rd Birthday est disponible sur PSP à partir de 34,80€.
+ Les plus
- Aya Brea, une femme que l'on n'oublie pas
- Réalisation d'ensemble en béton
- Excellent système de combat
- On s'amuse bien avec la matrice ADN
- Une ambiance musicale réussie
- Les moins
- Tout en anglais, sauf le packaging
- Assez difficile même en mode normal
- Scénario pas totalement convainquant
- Kyle
- Absence de configuration complète des commandes...
- ... alors qu'il n'est pas pratique de manipuler la caméra tout en se déplaçant