Le service de streaming musical Spotify fait figure de cas particulier dans le domaine des services freemium grâce à un taux de conversion ( des abonnés gratuits prenant un abonnement ) élevé ( 15% ) par rapport au reste de l'industrie ( quelques pourcents en général ).
Avec son entrée aux Etats-Unis, marché attractif mais où sont déjà présents plusieurs concurrents directs, le service a su attirer 400 000 nouveaux abonnés payants, lui permettant d'atteindre une base de 2 millions d'abonnés assurant des revenus réguliers, ce qui pourra encore être amplifié par le rapprochement et les interactions permises au sein du réseau social Facebook ( à moins que cette trop grande proximité ne finisse par avoir un effet contraignant ).
Ces initiatives doivent permettre à Spotify de voir son chiffre d'affaires augmenter significativement, et de fait les revenus de 2010 ont atteint 99 millions de dollars, contre 17,7 millions de dollars en 2009. Le Financial Times note que la part des revenus issus des abonnements s'établit à 70 millions de dollars, le reste étant représenté par les revenus publicitaires.
Des royalties difficiles à supporter
Mais dans le même temps, le coût des licences payées à l'industrie musicale s'est accru de 60% en 2010, et a représenté plus de 100 millions de dollars, soit plus que le chiffre d'affaires de la société. Dans ces conditions, les pertes se sont élevées à 41,5 millions de dollars en 2010, alors qu'elles étaient de 26 millions de dollars en 2009.
Difficile donc de rentabiliser le service, et les analystes s'attendent à ce que les pertes s'accroissent encore cette année alors que la société est en pleine phase d'expansion, aux Etats-Unis et ailleurs, ce qui laisse peu de place pour faire des économies.
" Les chiffres de sa croissance sont très positifs mais vous ne pouvez pas non plus ignorer les pertes. A un moment, il faudra un réajustement des coûts de licence ", commente ainsi Mike McGuire, analyste chez Gartner.
Et c'est sans doute pour tenter d'obtenir un allègement de cette charge que Spotify a restreint les conditions d'accès à son service de streaming...au risque de voir les utilisateurs chercher des alternatives du côté de la concurrence.
Souhaitant toutefois rassurer ses partenaires investisseurs, Spotify souligne dans un communiqué que " consulter les résultats financiers pris individuellement des marchés sur lesquels Spotify opère n'est pas représentatif de son activité considérée dans son ensemble. "
Elle souligne que 2010 a été l'occasion d'ajouter des centaines de milliers de nouveaux abonnés en Europe, lui permettant d'atteindre ce fameux taux de conversion de 15%, remarquable pour une activité de type freemium et que les efforts de croissance et de développement de nouveaux produits se sont poursuivis tout au long de l'année, se traduisant par les projets annoncés récemment ( introduction du service aux Etats-Unis, intégration avec Facebook et plus largement ajout d'interactions avec les réseaux sociaux... ).
Publié le
par Christian D.
Source :
Financial Times
Journaliste GNT spécialisé en mobilité / Ante-Geek des profondeurs du Web et d'ailleurs
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