Dans un ouvrage paru uniquement en Finlande, Jorma Ollila, ancien CEO puis ex-président du conseil d'administration de Nokia apporte un éclairage sur la nomination de Stephen Elop en 2010 et qui allait conduire à la transition de Symbian à Windows Phone, avant la vente de la branche mobile à Microsoft trois ans plus tard.
En tant que président du conseil, Jorma Ollila a participé à la quête du nouveau CEO après le départ de Olli-Pekka Kalasvuo et qui a choisi à conduire un Canadien au lieu d'un dirigeant finnois, marquant une rupture dans la tradition du groupe.
Il écrit cependant dans son ouvrage que Stephen Elop n'était pas le choix ultime sur lequel s'était arrêté le conseil. Un autre candidat était plus en vue et aurait pu devenir le nouveau patron de Nokia à ce moment. Ollila ne dit pas son nom mais indique qu'il était le numéro deux d'une entreprise high-tech américaine bien connue et qu'il avait la cinquantaine.
Ce candidat préféré n'est cependant pas allé au bout de la procédure de recrutement pour raisons personnelles. Venant ensuite sur la liste, Stephen Elop a fait bonne impression par ses qualités par son expérience dans le logiciel chez Microsoft et par un côté direct "à la finnoise".
On s'inquiétait cependant de savoir si sa culture américaine pourrait convenir au style européen / finnois discret de l'encadrement de Nokia, tout en espérant trouver une sorte d'équivalent de Steve Jobs alors que Nokia commençait déjà à perdre du terrain face à Apple et qu'Android commençait à faire du bruit.
La tentation de l'uchronie ?
Le Wall Street Journal note par ailleurs que s'il n'en fait pas état dans son livre, Jorma Ollila a suggéré dans un entretien pour le journal finnois Helingin Sanomat que le partenariat de Nokia avec Microsoft avait été une erreur.
Il y indique aussi que là où Apple s'était concentré sur le haut de gamme et alors que Nokia voulait faire de même, les opérateurs demandaient au fabricant des téléphones peu chers et à faible marge. Les liens du fabricant finlandais avec ces derniers le conduisaient à répondre à cette demande pour conserver leurs bonnes grâces (à ce moment, il était très difficile de vendre un terminal en volume sans passer par les opérateurs).
Le plus gros échec de Nokia, pour Ollila, reste de ne pas avoir réussi à développer un écosystème suffisamment puissant malgré les moyens mis en jeu et des effectifs nombreux pour tenter de capter les nouvelles tendances, pour épauler les ventes de smartphones du fabricant aussi bien qu'ont réussi à le faire par la suite Google et Apple.