L'efficacité du partage de photos Instagram, et sa gratuité, ont attiré beaucoup d'utilisateurs pour y publier quotidiennement de nombreuses photos personnelles. Cette croissance rapide du nombre d'utilisateurs qui fait d'Instagram un acteur précieux a conduit Facebook à en faire l'acquisition stratégique pour éviter qu'un autre acteur ne s'en empare et n'a pas hésité à y mettre le prix : 1 milliard de dollars ( ramené finalement à environ 750 millions de dollars ).

Mais comme souvent avec ces services nés très rapidement, il existe une problématique de taille : la rentabilisation. Développés à partir de levées de fonds, ils doivent à un moment trouver les moyens de générer leurs propres revenus.

Cette transition s'avère souvent délicate, surtout pour des services dont la valeur propre dépend en fait des contenus des utilisateurs qui peuvent se disperser aussi vite qu'ils se sont aggrégés au service pour se tourner vers des alternatives dès que les contraintes commencent à s'accumuler...ou au moindre faux pas pris comme une agression.

Instagram logo  C'est ce qui est arrivé à Instagram lorsque le service a annoncé une modification de ses conditions d'utilisation en s'octroyant le droit de monétiser sans contrepartie les images des utilisateurs, première étape d'une apropriation du fameux " UGC " ou user-generated content ( contenu généré par les utilisateurs ), saint graal de bien des créations de start-up.

Sans véritable surprise, cette décision unilatérale a provoqué la colère des utilisateurs dont certains ont justement menacé d'aller voir ailleurs et d'emporter leurs admirateurs avec eux, obligeant le service ( et Facebook derrière ) à faire marche arrière.

Un revirement qui pourrait cependant n'être de façade et qui n'a d'ailleurs pas totalement convaincu une partie des abonnés d'Instagram, ce qui a conduit au lancement d'un recours collectif aux Etats-Unis auprès d'une cour de Californie pour tenter d'obtenir des garanties sur la monétisation des contenus UGC,

De son côté, Facebook a aussitôt indiqué que cette plainte collective était sans mérite et qu'elle serait vigoureusement combattue. Ces tensions entre Instagram et ses abonnés font écho à la prudence affichée en contrepartie par le micro-blogging Twitter qui tente aussi de monétiser son service mais en passant par des phases d'exploration pour tenter de perturber au minimum ses abonnés et d'introduire un minimum de contraintes pour éviter que la précieuse base d'utilisateurs ne s'évapore après l'introduction d'une fonctionnalité mal perçue par ceux qui alimentent au quotidien le service.